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La croissance est surtout due à l’activité intérieure soutenue par l’immigration élevée et par la politique monétaire extrêmement expansionniste.

Daniel Kalt,

Depuis quelques années, l’économie suisse est exposée à des conditions extrêmement difficiles. Beaucoup d’observateurs s’étonnent que le choc du franc, survenu il y a maintenant plus d’un an, n’ait pas déjà plongé le pays dans une sévère crise économique.

Cela s’explique essentiellement par la capacité d’adaptation et la souplesse remarquables dont ont fait preuve les entreprises helvétiques. A y regarder de plus près, la croissance est principalement due à l’activité intérieure, soutenue, entre autres, par l’immigration élevée et par la politique monétaire extrêmement expansionniste, à l’origine d’un boom de la construction.

En outre, le secteur social et de la santé ainsi que les administrations publiques ont enregistré une croissance supérieure à la moyenne. Or, ces facteurs de croissance ne persisteront pas éternellement. En effet, la prospérité n’augmentera en Suisse que si les innovations des entreprises privées débouchent sur une croissance de l’emploi et de la valeur ajoutée.

Le dernier numéro de la publication trimestrielle «UBS Outlook Suisse» s’intéresse spécifiquement à la «croissance par l’innovation». Une analyse plus précise du paysage de l’innovation en Suisse montre que le pays est toujours dans une situation très favorable: plusieurs études comparatives internationales confirment que la Suisse est une championne de l’innovation. Néanmoins, certaines évolutions doivent faire réfléchir.

Par exemple, les technologies de pointe, fortement représentées en Suisse, représentent 47% des dépenses de recherche et développement (R&D) privées, pour un chiffre d’affaires de seulement 2% du marché intérieur suisse. Le risque, compte tenu de la mondialisation toujours croissante de la R&D, est que ces investissements considérables finissent par quitter la Suisse au profit des marchés de débouchés. En effet, suite au choc du franc, les processus créateurs de plus-value se voient peu à peu délocalisés vers l’étranger et la R&D risque tôt ou tard de suivre ce mouvement.

En outre, les entreprises hésitent de plus en plus à investir dans la recherche en Suisse, car les incertitudes politiques ont fortement augmenté – que ce soit pour la libre circulation des personnes (et donc la disponibilité d’une main-d’œuvre adéquate) ou face à la menace d’un référendum contre la réforme fiscale des entreprises III.

Alors, que faire? Pour assurer et accroître la prospérité du pays, il est nécessaire de pouvoir compter sur une croissance fondée sur l’innovation et sur la création de valeur ajoutée par le secteur privé.

Pour cela, il faut établir sans tarder des conditions-cadres qui garantiront un contexte sûr et prévisible et accroître la marge de manœuvre des entreprises en mettant fin aux excès réglementaires. Par ailleurs, les politiques d’éducation-formation devraient s’orienter davantage sur les besoins de la Suisse, foyer d’innovation, en encourageant l’apprentissage des STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).

Chef économiste Suisse, Chief Investment Office d’UBS

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