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Autorité bafouée, changer le gouvernement, Christian PAUL, Loi Travail, Manuel Valls, motion de censure rejetée
Gregoire Poussielgue , Isabelle Ficek et Leïla de Comarmond
La motion de censure déposée par la droite a été rejetée jeudi et le projet de loi Travail adopté à l’Assemblée nationale.
Le gouvernement n’a pas été renversé. Jeudi, la motion de censure déposée par les groupes LR et UDI à l’Assemblée nationale, après le recours à l’article 49-3 de la Constitution par le gouvernement , sur le projet de loi El Khomri, n’a pas atteint la majorité requise de 289 voix. Au total 246 députés l’ont voté , soit un score supérieur à celui des deux motions de censure sur les projets de loi Macron l’année dernière. Les frondeurs socialistes, qui avaient tenté en vain la veille de monter une motion de censure « de gauche » , n’ont pas apporté leurs voix à la droite.
Mais le climat n’en a pas été pour autant pacifié au sein de la gauche. La tension est même montée d’un cran entre les frondeurs et les députés resté fidèles à l’exécutif. « C’est allé trop loin. Je suis témoin de l’exaspération de l’énorme majorité de députés socialistes qui ne comprennent pas cette absence de fraternité, de solidarité, de parlementaires qui font de la flibuste « , a déclaré Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement.
« Dans une impasse «
Manuel Valls a lui aussi visé les députés frondeurs et leur tentative de motion. « Je prends cette tentative pour ce qu’elle est. Elle est grave, même si elle a échoué. Mais leurs signataires sont dans une impasse. Je vais vous livrer une conviction : je ne laisserai pas détruire la gauche de gouvernement, la social-démocratie française », a-t-il dit.
Pour le chef de file des frondeurs, Christian Paul, l’histoire n’est cependant pas terminée : il entend bien mettre en place une nouvelle motion de censure lorsque le texte reviendra au Palais Bourbon et fera l’objet, selon toute probabilité, d’un nouveau 49-3. Christian Paul l’a dit : il veut « changer le gouvernement « .
« Autorité bafouée » de Valls
A un an de la présidentielle, Les Républicains comme l’UDI ont, sans surprise, utilisé leur motion de censure pour dresser le réquisitoire du quinquennat de François Hollande. Surtout, s’emparant des déchirements à gauche et des tensions au sein de la majorité, ils ont pris soin de remuer le couteau dans la plaie, appelant les frondeurs à « aller jusqu’au bout de leurs convictions » en votant la motion et raillant, à l’instar du chef de file des députés Républicains, Christian Jacob, « l’autorité bafouée » de Manuel Valls par les initiatives politiques d’Emmanuel Macron.
Avec 2017 en ligne de mire, Nicolas Sarkozy, en marge d’un déplacement dans le Rhône, a lâché, au sujet du 49.3 : « c’est le prix de la succession ininterrompue des mensonges de 2012. »
Des défilés ponctués de violences
La tension était aussi très forte dans la rue, à l’occasion de la nouvelle journée de mobilisation organisée par les syndicats opposés à la réforme. Si elle a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, l’utilisation du 49.3 par l’exécutif n’a pas attiré les foules : entre 11.500 et 12.500 personnes ont défilé à Paris, selon la police, entre 3.000 selon la préfecture et 12.000 selon les organisateurs à Toulouse… Mais les défilés ont été ponctués de violences. Des heurts ont opposé des manifestants et les forces de l’ordre à Paris comme à Toulouse, au Havre, où le siège du PS a été saccagé, ou encore à Nantes, où le trafic SNCF a dû être brièvement interrompu.
Du côté des opposants à la loi travail, on veut croire que cette faible mobilisation n’est pas la confirmation de l’essoufflement du mouvement, même si cela y ressemble. « Les salariés semblent décidés à s’engager dans un mouvement dur « , a affirmé jeudi le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, dans « L’Humanité « . Son syndicat a appelé avec les autres opposants à la loi travail à des mobilisations mardi et jeudi prochains.
Le climat social va néanmoins rester tendu. La fédération de la chimie CGT appelle ses syndicats à réunir les salariés dans les raffineries pour décider d’un blocage des dépôts de carburant. Celle des cheminots a lancé une grève tous les mercredis et jeudis . Les routiers vont aussi se mobiliser. Le leader de FO, Jean-Claude Mailly a lancé l’idée d’une grande manifestation nationale à Paris. Mais la CGT n’en veut pas pour l’instant.