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Par Marc de Boni

Dévoilé cette semaine, le programme d’Alain Juppé a frappé les esprits par ses orientations clairement libérales. Mais selon François Fillon, le maire de Bordeaux ne va pas au bout de ses intentions.
Malgré le tumulte d’une semaine à l’actualité politique agitée, marquée par le scandale Denis Baupin et par le passage en force de la loi travail à l’Assemblée, le programme économique plutôt libéral d’Alain Juppé n’est pas passé totalement inaperçu. Libéral, certes, mais pas assez aux yeux de l’un de ses principaux concurrent, François Fillon. Invité sur Europe 1 ce vendredi, le député de Paris accuse même le maire de Bordeaux d’avoir puisé dans ses idées. «C’est le programme de François Fillon en version dégradée et avec toujours en dernier ressort l’intervention de l’État», brocarde l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.
«J’ai regardé le programme d’Alain Juppé, il est d’une inspiration libérale qui me convient. Mais simplement, il ne va jamais au bout des démarches», relève Fillon, en pointant le recours à l’arbitrage des pouvoirs publics. «C’est ça qui nous distingue. Moi je pense que les Français veulent qu’on leur lâche les baskets», juge-t-il. «Je vais prendre un exemple avec les 35 heures: je propose que l’on abroge la durée légale du travail et que l’on laisse les salariés négocier dans l’entreprise. Alain Juppé dit: “Nous passerons tous à 39 heures sauf ceux qui négocieront en dessous.” Ce n’est pas ma logique», détaille encore le 4e homme de la primaire de la droite, qui vise «le plein emploi» pendant son quinquennat. Interrogé ce vendredi, Alain Juppé à répondu sur le ton de l’humour à François Fillon: «Je suis heureux qu’il valide mon programme».
Si Juppé est accusé de scruter de trop près le travail de ses adversaires dans le cadre de la primaire, il n’est pas le seul, comme l’a confié au Scan un pilier de l’équipe de campagne du maire de Bordeaux. «Je sais que chaque équipe de campagne regarde de près ce que fait la concurrence. Par exemple lorsque nous avons innové en ayant recours aux pétitions en ligne, nous avons noté que l’équipe Fillon a fait de même juste après», poursuit Eve Zuckerman, en charge de la stratégie digitale dans l’équipe d’Alain Juppé. Avant de conclure avec un brin de malice: «Mais c’est tant mieux que nous nous observions, ça fait de l’émulation!»