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Expédition Thon 2016 : thoniers à l’horizon !
L’Esperanza poursuit sa route. Nous sommes à environ 50 miles des côtes les plus proches. Et pour la première fois en quatre semaines, nous avons croisé des thoniers.
L’un d’entre eux est un navire support espagnol, dont le rôle est d’approvisionner les thoniers en fuel, en dispositifs de concentration de poissons (DCP) ou en balises pour DCP, mais aussi de déployer en masse ces DCP dans les zones de pêche. Repéré en fin de journée, nous l’avons poursuivi toute la nuit pour empêcher son équipage de déployer ne serait-ce qu’un seul DCP.
Le lendemain matin, nous avons découvert que l’équipage de l’Ortube Berria s’était empressé de dissimuler tout ce qui se trouvait sur le pont sous d’immenses bâches de plastique opaque… Nous étions si proches que nous pouvions voir l’équipage nous prendre en photo. Nous leur avons bien sur rendu la pareille dans le but de documenter nos recherches sur l’industrie du thon. Pas de chance pour l’Ortube Berria : le vent a soulevé une des bâches, ce qui nous a permis de confirmer la présence de DCP à bord.

La Sapmer, toujours dans les bons coups
L’autre navire est français et s’appelle le Morne Blanc. Il fait partie des deux derniers bateaux de la Sapmer et est flambant neuf. La Sapmer, le plus grand armateur français, fournit en thon les marques de Thai Union, notamment Petit Navire et John West (la marque sœur britannique de Petit Navire).
C’est avec quelques difficultés que nous sommes finalement parvenus à établir un contact radio avec le navire. Ils nous ont affirmé ne pêcher que sur bancs libres, sans DCP – ce qui est totalement improbable lorsque l’on connaît les problèmes financiers de la Sapmer et ses ambitions : pêcher toujours plus, avec moins de navires. S’inspirant du modèle espagnol, la Sapmer travaille avec des navires de soutien qui servent très majoritairement à déployer des DCP. Cette méthode permet aux navires de la Sapmer de maximiser leurs prises mais rend impossible toute sélectivité.
Petit Navire ne peut pas ignorer les méthodes de ses fournisseurs. La marque doit prendre ses responsabilités en s’engageant véritablement pour préserver la durabilité des écosystèmes marins.
Avec 30 % des parts de marché, Petit Navire est le leader national de la vente de boîtes de thon. Or, déplore Greenpeace, la marque refuse de remettre en cause ses pratiques halieutiques. « Nous l’avons interpellée plusieurs fois ces dernières semaines, sans réelle réaction de sa part », a déclaré François Chartier, chargé de campagne Océan au sein de la branche France de l’organisation écologiste. Et ce dernier d’expliquer que l’ONG entend désormais faire pression sur les distributeurs afin de faire évoluer la situation.
Avenir des écosystèmes marins
« En faisant campagne sur Petit Navire, nous nous adressons également à Thai Union, leader mondial de l’industrie des produits de la mer et du thon en boîte et propriétaire de la marque française », a précisé Greenpeace dans un communiqué, estimant que cette entreprise façonne l’avenir du secteur et celui des écosystèmes marins.
Plus de 100 000 personnes ont signé la pétition à destination de Petit Navire, selon l’ONG. Elle dénonce l’utilisation massive des dispositifs de concentration des poissons (DCP) qui contribuent à la surexploitation des océans, notamment par le prélèvement excessif de thons juvéniles et les prises accessoires d’espèces marines, telles que les requins.
Vingt groupes de l’organisation non gouvernementale Greenpeace ont symboliquement « nettoyé » des rayons de supermarchés des boîtes de thon de la marque Petit Navire, samedi 21 mai, dans plusieurs villes de France. Une opération destinée à dénoncer« des méthodes de pêche destructrices ». Selon une porte-parole de l’ONG, ces actions se sont déroulées notamment à Strasbourg, Lille, Metz, Lyon, Grenoble, Montpellier, Poitiers ou encore La Rochelle.
Souce : lemonde.fr et oceans.greenpeace.fr
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