Aujourd’hui, Trump contre Clinton. Et demain, Le Pen contre Juppé ?

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La désormais très proche échéance américaine devrait être riche d’enseignements. Et pour une fois, God Bless the USA.

Nicolas Gauthier , Journaliste, écrivain

Ce qu’il y a de bien, avec les USA, c’est que leurs modes, hula-hoop, néo-conservatisme et rock and roll, précèdent généralement les nôtres d’une petite dizaine d’années. Désormais, les cycles auraient tendance à se raccourcir. De là à prétendre que le futur duel présidentiel opposant Donald Trump et Hillary Clinton ne serait que répétition générale de celui qui pourrait voir s’affronter Alain Juppé et Marine Le Pen, il n’y a qu’un pas à franchir. Franchissons-le.

Pour y voir plus clair, il convient avant tout de faire le distinguo entre Donald Trump la personne et Donald Tump le phénomène politique et ce qu’il nous dit. L’homme, pour résumer, est un parvenu vulgaire, à peu près inculte, m’a-tu-vu comme pas deux, doté de cheveux façon poils de carottes radioactives et du genre à péter haut et fort dans les dîners en ville. Ces choses dites, il incarne un sentiment allant bien au-delà de sa simple personne : le refus de l’Établissement tenant le pays en coupe réglée depuis maintenant plus de deux siècles. Comme on dit ici, il n’a pas la « Carte »…

En face, Hillary Clinton, candidate démocrate par défaut, symbolise tout ce qu’une grande majorité du peuple américain ne veut plus, à l’exception, comme en Europe, d’une hyper-classe mondialisée et tout ce qui va avec : richesse insolente fondée sur son seul nom – Clinton/Kardashian, même combat ! –, causeries mondaines facturées en centaines de milliers de dollars, casseroles politico-judiciaires lui pendant au cul à un point tel qu’elle est en passe de devenir quincaillerie ambulante. Bref, la question qui fâche : Trump est-il de droite ? Hillary Clinton est-elle de gauche ? Là n’est pas la question, sachant que là-bas comme ici, ce sera, pour l’instant, aux perdants de la mondialisation de tenir urne et crachoir.

De son côté, Bernie Sanders, populiste qu’on pourrait qualifier de « gauche » et même ayant admis la victoire de Hillary Clinton, a promis de se battre jusqu’à son dernier souffle. Là sera la clef du scrutin, dans le report de voix populistes de « gauche » vers un candidat populiste de « droite », contre la candidate du « Système ».

Voilà qui, si les sondeurs persistent – mais ils ne se trompent pas autant qu’on veut bien le dire -, pourrait préfigurer le second tour présidentiel du mois de mai prochain : Marine Le Pen contre Alain Juppé. C’est ce que souhaite assez logiquement la présidente du Front national, précisant que ce duel aurait au moins le mérite de la clarté : souveraineté politique contre dilution de la France en des institutions européennes des plus floues, souveraineté nationale contre valse tagada à la Benetton, souveraineté historique contre magma pseudo-humaniste à forte coloration de soumission atlantiste.

Avec Nicolas Sarkozy, ce serait évidemment plus compliqué, le lascar ayant le don d’hypnotiser, façon serpent Kaa dans Le Livre de la jungle, le brave couillon bourgeois et conservateur, sur le thème voulant qu’il faille, une énième fois, laisser sa chance au produit. Là, comme souvent annoncé en ces colonnes, ce sera le vote populiste de gauche, voire le vote populiste tout court, qui pourrait bien faire la différence.

Vote comprenant à l’évidence ce qui demeure de classe ouvrière, mais également de prolétariat issu de l’immigration, trop longtemps berné par le clientélisme socialiste, à basse de subventions associatives et d’antiracisme lacrymal. Mais encore par ces classes moyennes en voie de déclassement et qui commencent à comprendre que leur sort consiste aujourd’hui à être les prolétaires de demain.

À cet égard, la désormais très proche échéance américaine devrait être riche d’enseignements. Et pour une fois, God Bless the USA, saperlipopette et cornegidouille, comme on dit chez nous !

Boulevard Voltaire – La liberté guide nos pas

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