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Dans la course à l’échalottes « plus ultralibéral que moi tu meures », François Fillon est sans doute celui qui est allé le plus loin parmi les candidats à la primaire des Républicains, le moyen pour lui d’exister. Mais dans cette course, il est allé si loin que même Alain Madelin le critique sévèrement.

« Une caricature de libéralisme antisocial »
Alain Madelin, qui passe pour la pointe avancée de l’ultralibéralisme à droite, y est allé franchement dans le Point. Pour lui, « son programme est assurément, en matière de purge, le plus abouti (…) voilà qui prête le plus à la caricature d’un libéralisme antisocial ». Il tacle les Républicains : « le programme commun de la droite qui se dégage est considéré par les observateurs – et même parfois revendiqué comme tel – comme un projet très libéral. Malheureusement pour de mauvaises raisons… Parce qu’il fait la part belle aux entreprises à qui l’on promet de nouvelles baisses de charges sociales payées par une augmentation plus ou moins forte de la TVA (…) cette présentation est une caricature du libéralisme qui apparaît comme une purge patronale. C’est du Robin des bois à l’envers : prendre de l’argent aux pauvres pour le donner aux riches », Alain Juppé semblant le plus modéré pour lui…
Voilà qui en dit long sur l’évolution de notre société : celui qui était vu comme le plus libéral de sa famille politique pendant longtemps, un symbole du biais patronal de la droite des années 1980 et 1990, trouve aujourd’hui qu’elle va trop loin aujourd’hui dans ce sens. Voici sans doute le signe de l’extraordinaire dérive de notre débat public depuis que François Hollande a décidé d’assumer un virage libéral au tournant de l’année 2014. En somme, Madelin reproche à son camp d’aller trop loin dans la politique de l’offre, cette même logique qui est au cœur de la politique menée par la majorité actuelle, entre les 50 milliards du CICE et du pacte de compétitivité, puis la loi travail. Voici peut-être aussi un signe que la manœuvre d’Hollande fonctionne en poussant les Républicains bien trop à droite.
Malheureusement, quand les hommes politiques n’ont pas de conviction, ils suivent le vent. Aujourd’hui, en Europe, il est tellement libéral que PS et Républicains ont tellement dérivé sur les questions économiques que le symbole passé de l’ultralibéralisme les trouve caricaturaux.