A l’occasion du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine s’efforce vendredi de séduire les investisseurs dans un contexte tendu.
A Saint-Pétersbourg, la grand-messe économique du Kremlin constitue tous les ans une vitrine des promesses que présente l’économie russe pour les investisseurs étrangers. Malgré le climat de guerre froide dû à la crise ukrainienne et la récession, Vladimir Poutine s’y est efforcé ces deux dernières années de promettre que le pays restait prêt à les accueillir. (Reuters)
Le président russe Vladimir Poutine s’attelle vendredi, au Forum économique de Saint-Pétersbourg, à convaincre les entreprises étrangères d’investir en Russie, malgré la fermeté des Européens à maintenir leurs sanctions économiques et les tensions liées aux dossiers sportifs.
Après l’arrestation de hooligans russes en France pour des violences en marge de l’Euro, une possible décision vendredi de l’IAAF de priver les athlètes russes des JO de Rio pourrait venir froisser les ambitions de grandeur sportive de la Russie, qui a accueilli en 2014 les jeux d’hiver de Sotchi et organise le Mondial-2018 de foot.
A Saint-Pétersbourg, la grand-messe économique du Kremlin constitue tous les ans une vitrine des promesses que présente l’économie russe pour les investisseurs étrangers. Malgré le climat de guerre froide dû à la crise ukrainienne et la récession, Vladimir Poutine s’y est efforcé ces deux dernières années de promettre que le pays restait prêt à les accueillir.
Vendredi, le président russe doit s’exprimer à 11H00 GMT devant des hommes d’affaires annoncés en plus grand nombre que les années précédentes, notamment des pays de l’Union européenne, encouragés par une amorce de stabilisation économique. Ses appels à renforcer la coopération devraient recevoir l’appui du Premier ministre italien Matteo Renzi, attendu à ses côtés à la tribune du forum et venu signer des accords commerciaux à la tête d’une importante délégation.
« Les condition sont réunies pour un retour à la croissance », a souligné jeudi soir M. Poutine lors d’une rencontre avec des responsables de fonds d’investissements.
L’économie russe, a-t-il insisté, s’est non seulement « adaptée aux nouvelles conditions » mais est devenue plus compétitive grâce à la dépréciation du rouble. « Le marché financier russe reste le plus ouvert des marchés émergents. De bonnes opportunités apparaissent actuellement pour investir dans divers secteurs de notre économie: l’industrie, l’agriculture, les infrastructures », a-t-il plaidé.
Les chefs d’entreprises occidentaux, très critiques des sanctions contre la Russie où ils ont considérablement investi, ne cachent pas leur volonté de reprendre les affaires de manière plus active. Si les Américains restent peu nombreux au forum, les patrons de plusieurs groupes européens de premier plan ont répondu présent.
Les milieux d’affaires attendent particulièrement la parole de M. Poutine concernant sa volonté de réformer une économie menacée, de l’aveu même de ses autorités, de stagnation faute de transformations majeures.
Dans ce contexte, la présence du chef du gouvernement italien, après celle du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker jeudi à l’ouverture du forum, avait relancé les spéculations sur un possible adoucissement des sanctions de l’UE.
D’autant que certains dirigeants européens, comme M. Renzi, affichent de plus en plus ouvertement leurs réserves concernant ces mesures punitives qui ont contribué à plonger la Russie en récession avec l’effondrement des prix du pétrole, source de revenus vitale pour Moscou.
Assurant que les Européens restaient « unis », M. Juncker a rapidement douché ces espoirs: l’application totale des accords de paix de Minsk pour l’est de l’Ukraine « est le seul moyen de commencer notre conversation et le seul moyen de lever les sanctions économiques imposées », a-t-il martelé.
Décrétées en 2014 après l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée et le début d’une rébellion prorusse que Moscou est accusé d’avoir soutenue dans l’est de l’Ukraine, ces sanctions ont suscité en représailles un embargo de Moscou sur des produits alimentaires européens, atrophiant les relations commerciales entre la Russie et l’UE.
Les mesures européennes décidées après l’annexion de la Crimée seront prolongées de six mois vendredi, a affirmé une source à l’AFP à Bruxelles. Les lourdes sanctions économiques (visant la finance, la défense, les hydrocarbures) mises en place pour sanctionner le rôle de Moscou dans le conflit de l’est de l’Ukraine devraient quant à elles être prolongées la semaine prochaine après un vote des 28 pays membres.
L’ancien président français Nicolas Sarkozy, venu à Saint-Pétersbourg, a appelé les Russes à « faire le premier pas » pour sortir de l’engrenage des sanctions qui pénalisent tout le monde.-(awp)