Étiquettes
État islamique, chrétiens syriens, Daesh, Gozarto Protection Forces, Kurdes, milices syriennes, Sootoro, Sutoro
Le 15 mars 2013, une milice chrétienne s’est levée dans la région de la Djezihré (Nord-Est de la Syrie).
Des membres des Gozarto Protection Forces dans la province syrienne de Hasakeh (Nord-Est du pays) le 13 juillet 2015 © YOUSSEF KARWASHAN / AFP
Peu de relations avec le gouvernement syrien
Bien que soutenue par l’État, Sootoro a peu de contacts et reçoit peu d’aides de sa part. Damas leur finance quelques armes légères pour défendre les villages et garantir la sécurité des civils lorsque Sootoro se transporte sur les zones de conflits, laissant les habitants sous protection réduite. Même si cette milice est dite pro-gouvernement et qu’ils combattent sous les couleurs du drapeau syrien, GPF ne s’est pas plié pas à toutes les conditions posées par Damas.
Le service militaire est inévitable pour les jeunes syriens mais le gouvernement a levé cette obligation pour les engagés au sein de la milice GPF. Les Kurdes sont moins indulgents pour leur part et kidnappent les chrétiens refusant de servir leur armée. Sootoro a répondu à la menace en n’enlevant non pas un mais deux Kurdes pour chaque chrétien embarqué de force. Jusqu’à ce que la pratique cesse.
Dialogue avec Sutoro
La milice Sootoro persévère dans le dialogue avec la milice Sutoro. Ils savent que la situation entre ces deux groupes peut dégénerer à tout moment. « La milice Sutoro ne veut plus entendre parler du gouvernement et rejoint pleinement la pensée et l’agenda kurdes. Ils sont prêts à tuer leurs frères chrétiens pour des raisons politiques et de contrôle de territoires. Nous savons qu’ils sont capables de se retourner contre les autres chrétiens. »
Ils sont déjà venus se battre mais Sootoro a toujours baissé les armes, ne voulant pas verser de sang chrétien. « Nous ne voulons pas nous entretuer car nous sommes une seule nation. Ce sont les Kurdes qui les forcent à se battre entre eux. Ils leur ont également promis de leur donner des responsabilités dans leur futur gouvernement », souligne le chef de la milice GPF.
Le patriarche syriaque orthodoxe, Ignace Ephrem II Karim, se rend régulièrement dans la région de la Djezihré pour s’entretenir avec les chefs de ces deux milices et essayer de les réconcilier.
Relations compliquées avec les Kurdes
Les Kurdes ne désespèrent pas de prendre un jour le contrôle de la milice Sootoro, essayant d’acheter ses membres avec de grosses sommes d’argent. Peu de chrétiens acceptent l’offre qui implique d’obéir à des conditions opposées à leurs principes, leurs idées, leurs valeurs. « Le but n’est pas d’avoir beaucoup d’argent mais d’en avoir assez pour exister et faire le boulot en étant fidèle à l’éthique et au peuple », précise Sargon Ibrahim, le chef de milice GPF.
Les Kurdes ont pensé un temps que leurs menaces intimideraient Sootoro et la ferait disparaître après quelques batailles. Mais la force de Sootoro ne découle pas du nombre où de ses finances mais du soutien et de la confiance du peuple dont elle jouit. Sargon Ibrahim se veut rassurant : « Si nous étions 50 000 sans le peuple derrière nous cela ne servirait à rien. Nous sommes 300, le peuple est avec nous. C’est ce qui perturbe le plus les Kurdes. Ils sont très nombreux et n’arrivent pas à nous faire disparaître. Fin 2105, nous avons installé un barrage tout autour de la ville de Qamishli afin de la protéger des menaces extérieures. Cela a fortement déplu aux Kurdes qui ont perçu l’initiative comme une défiance dans leur système de sécurité. Environ 200 d’entre eux sont venus aux portes du barrage pour tenter de nous soumettre. Nous avons perdu un homme dans les combats mais le barrage a tenu car tous les habitants étaient dans la rue avec leurs armes pour empêcher nos agresseurs d’entrer ».