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David Cameron a annoncé vendredi son intention de démissionner de ses fonctions de Premier ministre pour laisser à un autre le soin d’engager les négociations de sortie de l’Union européenne, après le vote des Britanniques pour un Brexit.
« Les Britanniques ont pris une décision claire (…) et je pense que le pays a besoin d’un nouveau leader pour prendre cette direction », a déclaré M. Cameron, qui avait milité pour la maintien dans l’UE. Il a précisé qu’il resterait en place jusqu’à l’automne et la désignation d’un nouveau leader par son Parti conservateur lors de son congrès en octobre.
Le Brexit l’emporte à 51,9%
Les Britanniques ont provoqué un tremblement de terre : ils ont voté en faveur d’un Brexit, d’un départ du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Nigel Farage, le leader du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le seul parti officiellement favorable à une sortie de l’UE, est apparu le sourire aux lèvres. Après avoir fait savoir à la fermeture des bureaux de vote que le camp du maintien devrait l’emporter, il a totalement changé de point de vue vers quatre heures du matin alors que le décompte laissait entrevoir un retournement total des estimations. « C’est une victoire pour les vrais gens, pour les gens décents ! Nous nous sommes battus contre les multinationales, les banques, les grands partis politiques, les mensonges, et finalement la décence va gagner ! Nous avons gagné grâce à un travail sur le terrain de la part des supporters des partis travaillistes, conservateurs, de tous les partis ! Nous l’avons fait pas seulement pour nous mais aussi pour tous les gens d’Europe ! Et nous allons nous débarrasser du drapeau de Bruxelles et de tout ce qui va mal. Et l’aube se lève sur un jour historique : notre jour d’indépendance ! »
Le Premier Ministre et leader conservateur David Cameron avait initié ce référendum pour marginaliser son aile la plus eurosceptique et étouffer la progression de l’UKIP. Ce pari s’est retourné contre lui. Après avoir été l’un des principales voix eurosceptiques du pays, son retournement en faveur de l’UE n’a visiblement convaincu personne. Et surtout pas les électeurs travaillistes. Comme l’a expliqué Nigel Farage, « la victoire a été apportée par les régions travaillistes clés. Cela montre le décalage entre Westminster et les gens ordinaires. » Le taux de participation très élevé pour le pays (72,2%) montre que les partisans du Brexit se sont déplacés en masse pour faire savoir leur mécontentement. Et en particulier dans les anciennes régions industrielles, aujourd’hui déprimées.
Peu avant la fermeture des bureaux de vote, 86 des 135 députés conservateurs favorables au Brexit, dont son leader Boris Johnson, avaient appelé au maintien du Premier Ministre à son poste quel que soit le résultat. S’ils estiment cette situation préférable pour la stabilité politique du pays, surtout en vue des négociations à venir avec Bruxelles, David Cameron le voudra-t-il, avec une autorité et une crédibilité largement entamée ?L’avenir du Royaume-Uni en tant qu’unité est également en péril. L’Angleterre et le Pays de Galles ont voté à 53,5% et 52,5% en faveur de la sortie alors que l’Irlande du Nord et l’Ecosse se sont prononcés à 55,8% et 62% pour un maintien dans l’UE. Et comme l’avait fait savoir l’ancien Premier Ministre écossais et leader historique du parti national écossais (SNP) Alex Salmond, « Si on se retrouve dans la situation où l’Ecosse vote pour rester et le reste du Royaume-Uni ou l’Angleterre entraîne l’Ecosse vers la sortie, cela justifierait selon moi un autre référendum ».
Au-delà du Royaume-Uni, le projet européen tout entier est aujourd’hui en péril. Les capitales européennes devraient réagir vivement à ce résultat. Surtout après que Paris, Berlin et Bruxelles aient fait savoir qu’ils se montreront fermes vis-à-vis de Londres en cas de Brexit. Les prochaines semaines s’annoncent mouvementées.
Réunion des chefs de la diplomatie des 6 fondateurs de l’UE samedi à Berlin
Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l’Union européenne se réuniront samedi à Berlin pour évoquer les conséquences du référendum britannique, a annoncé le ministère allemand des Affaires étrangères.
« Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier recevra samedi 25 juin les ministres des Affaires étrangères français (Jean-Marc Ayrault), néerlandais Bert Koenders, italien (Paolo Gentiloni), belge (Didier Reynders) et luxembourgeois (Jean Asselborn) pour des discussions » et un « échange sur les thèmes actuels de la politique européenne », selon un communiqué.
M. Steinmeier a regretté vendredi matin le vote des Britanniques favorable au Brexit, estimant que c’était « un jour triste pour l’Europe et la Grande-Bretagne », sur son compte Twitter.
Les Britanniques ont décidé de quitter l’Union européenne, un désaveu pour leur Premier ministre David Cameron et la construction européenne qui a assommé les marchés mondiaux en ouvrant une ère d’incertitude sans précédent depuis des décennies.
Selon les résultats définitifs publiés vendredi matin, 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit lors du référendum organisé jeudi qui a été marqué par une participation importante (72,2%).
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