Brexit : pour Berlin, « le jour noir de l’Europe »

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Thibaut Madelin

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Angela Merkel – SIPA

L’Allemagne est sous le choc après le référendum britannique remporté par les tenants du « Brexit ». A la peur de voir se désintégrer l’UE s’ajoute la crainte de devoir composer avec des pays du Sud de l’Europe, à commencer par la France.

« Une mauvaise journée pour l’Europe », a tweeté ce matin Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand. « Le jour noir de l’Europe », titre le site Internet du quotidien populaire « Bild ». L’Allemagne est sous le choc après le référendum britannique remporté par les tenants du « Brexit » . A la peur de voir se désintégrer l’Union européenne (UE) s’ajoute la crainte de devoir assumer son leadership et de composer avec des pays du Sud de l’Europe, à commencer par la France, peu libéraux.

« Ce résultat est un signal d’alarme pour nous autres Européen pour rendre l’Union européenne plus compétitive, a déclaré le directeur général de la Fédération de l’industrie allemande (BDI). La décision affaiblit le Royaume-Uni lui-même, l’UE et l’Allemagne – sur le plan politique et économique », a-t-il ajouté, s’attendant à un déclin « clair » des affaires entre les entreprises allemandes et britanniques dans les prochains mois.

« Pour les entreprises fortement exportatrices, une fragmentation de l’Europe serait un scénario effrayant, a déclaré le directeur général de la Fédération allemande de la mécanique (VDMA). A travers le Brexit, les eurosceptiques des autres pays ont le vent en poupe ». « Même si Francfort gagnerait au détriment de la City, je préfère de loin une Europe politiquement unie avec le Rayume-Uni », a déclaré ans-Walter Peters, président de la fédération des banques privées (BDB).

Le pire des scénarios

Pour les milieux économiques, c’est le pire des scénarios qui est en train de se produire : la Grande-Bretagne partage avec l’Allemagne la même pensée économique, basée sur le libéralisme, la concurrence et la compétitivité. Ils craignent de voir leur discours moins audible à Bruxelles face à une France, perçue comme étatiste et anti-libérale, renforcée par le vide créé par le départ de la Grande-Bretagne. Certains ressortent déjà les scénarios d’Europe du Nord et du Sud.

Pour l’heure, Angela Merkel, qui a passé la matinée au téléphone, devrait tenter, comme à son habitude, d’afficher son calme face à la tempête. Mais la réaction des marchés financiers pourrait aussi la contraindre à réagir de manière exceptionnelle. La chancelière allemande, doit normalement participer à un séminaire à huis-clos avec ses alliés de la CSU bavaroise. Reste à savoir si cet emploi du temps sera adapté. La conférence de presse régulière du gouvernement a lieu à 13.00 heures.

La décision britannique place la chancelière allemande au centre des projecteurs. Mais aussi le couple-franco-allemand, sans lequel l’Europe risque de ne pas se remettre de cette nouvelle crise. François Hollande est attendu lundi à Berlin, à moins que les deux leaders ne décident d’avancer leur rencontre. « L’Allemagne et la France doivent adresser un signal commun fort dans les prochaines semaines et mois », a déclaré Henrik Enderlein, directeur de l’Institut Jacques Delors à Berlin.

De nature prudente, la chancelière est en plus confrontée à l’essor récent de la droite nationaliste, qui rebat les cartes politiques outre-Rhin. « Le temps et mûr pour une nouvelle Europe, une Europe des nations dans laquelle nous faisons du commerce en paix, soignons des relations de partenaires et respecte la volonté du peuple souverain », a déclaré la présidente du parti populiste AfD. Contrairement à certains dirigeants du FN, elle n’a pas appelé à un référendum outre-Rhin.

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