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Astrid Gouzik 

Une nouvelle fois, en plein congés estival, le fabricant d’articles de puériculture Candide va recevoir la visite des services de la direction départementale de la protection des personnes. Un contrôle qui nécessitera environ 60 heures de préparation alors que la PME souffre déjà d’un ralentissement du marché. Pourquoi nous inonder de normes et de réglementations, s’interroge le patron de Candide, alors que le gouvernement promettait un choc de simplification ?

Un choc de simplification ? L'inverse, répond un patron de PME à Emmanuel Macron © D.R.

Le choc de simplification voulu par le gouvernement en 2014… C’est toujours pas maintenant ! C’est en substance le message adressé par un patron d’une PME spécialisée dans les articles de puériculture au ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.

Frédéric Jamet, le PDG du groupe Candide, est lassé. Agacé par les contrôles qui se multiplient dans son entreprise. « Je viens de recevoir un courrier de trois pages de la DDPP (direction départemental de la protection des populations) qui nous demande de préparer un nombre important de documents à réunir sous 10 jours pour un contrôle qui aura lieu le 11 juillet« , écrit-il dans sa lettre ouverte. 

« On est plutôt de bonne volonté avec les gens de la répression des fraudes. Le problème, c’est que l’on est sans cesse mis sous pression pour des tests produits… », explique-t-il, contacté par L’Usine Nouvelle. « Nous avons l’impression d’avoir un traitement de faveur », lâche-t-il ironique. Peu après avoir reçu le courrier l’avertissant du passage de la DDPP, Frédéric Jamet discute avec un de ses « confrères » – et concurrent – qui lui explique n’avoir, lui, jamais reçu la visite de la répression des fraudes.

Traitement de faveur

Pourquoi Candide, cette entreprise de 40 salariés localisée à Angers, est-elle particulièrement dans le viseur de la DDPP alors qu’elle procède à des tests réglementaires réguliers en partenariat avec les laboratoires français agréés par le COFRAC ? La PME  dispose même d’un comité scientifique présidé par un docteur en pharmacie, d’une crèche d’entreprise permettant de tester ses produits et d’un département de recherche et développement interne.

« Nous sommes les seuls fabricants d’articles de puériculture du département. Ils doivent avoir des grilles imposant de contrôler tel ou tel domaine d’activité. Du coup, ils n’ont que nous à contrôler. Nous avons le même problème avec Combelle (racheté par Candide en 2015) dans le Cantal », explique-t-il.

« La foi chevillée au corps pour entreprendre »

Pas de quoi arranger un marché déjà tourmenté, en baisse d’environ 20% cette année. « On cumule les emmerdements, et là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le gouvernement devrait plutôt nous laisser prospecter de nouveaux marchés à l’export ou inventer de nouveaux produits », déplore Frédéric Jamet. Et pour cause… préparer un contrôle de ce type pour le collaborateur chargé des contrôles qualité, cela représente entre 50 et 60 heures de travail.

Malgré toutes ces lourdeurs administratives, ce « patriote industriel » n’est pas découragé. Environ 70% de la production du groupe Candide est « made in France » et le restera. « Il faut vraiment avoir la foi chevillée au corps pour entreprendre et embaucher dans ce pays ». Visiblement, Frédéric Jamet a la foi. Et renouvelle son invitation à Emmanuel Macron pour le lui prouver !

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