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La Fierté gaie, à laquelle participait pour la première fois le premier ministre du Canada, a observé une minute de silence à la mémoire des victimes de la tuerie

 Philippe Orfali
Justin Trudeau arborait un unifolié aux couleurs de l’arc-en-ciel. À ses côtés, la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne et sa conjointe (en jaune), ainsi que le maire de Toronto, John Tory (en rose). 
Photo: Nathan Denette La Presse canadienne Justin Trudeau arborait un unifolié aux couleurs de l’arc-en-ciel. À ses côtés, la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne et sa conjointe (en jaune), ainsi que le maire de Toronto, John Tory (en rose). 

Sur le coup de 15 h, tout s’est arrêté au centre-ville de Toronto. La foule hystérique s’est soudainement tue, le temps d’une minute, en mémoire des 49 victimes de la tuerie d’Orlando, pendant que des confettis aux couleurs de l’arc-en-ciel flottaient dans le ciel.

Des participants ont tenu à souligner la mémoire des victimes de la tuerie d'Orlando.Des participants ont tenu à souligner la mémoire des victimes de la tuerie d’Orlando.   Photo : CBC/Isabelle Gobeil

Trois semaines jour pour jour après la tuerie du club Pulse, « il aurait été facile d’avoir peur et de rester chez soi. On a plutôt décidé de venir ici et d’affirmer fièrement qui on est », a expliqué, en marge du 36e défilé torontois de la Fierté gaie, Ash, jeune trentenaire qui se présente depuis peu comme un homme.Même si l’atmosphère était résolument à la fête, Orlando était sur toutes les lèvres dans la foule de quelques centaines de milliers de personnes qui ont pris part à ce défilé historique, puisque pour la première fois, un premier ministre canadien en fonction participait aux célébrations.

 Différents Originaire des Philippines, Zyra Moatano tenait à être présente avec sa fille de dix ans, à titre d’« alliée ». « Je tenais à éduquer ma fille, à lui expliquer que c’est correct, que peu importe qui tu es, on est tous humains et qu’il n’y a rien de mal à être différent. »

Être différent, Pierre Rajotte et ses amis Norman et Tom en ont eu conscience toute leur vie. C’est en 1982 ou 1983 que les trois Torontois gais, aujourd’hui dans la soixantaine, ont participé au défilé de la fierté pour la première fois, à une époque où le simple fait d’assister à cet événement constituait un acte de défiance, selon eux.« Je n’ai plus honte de qui je suis grâce à la fierté. Ma première Pride, j’avais peur d’être vu, peur d’être reconnu. Il fallait faire attention. Maintenant, on s’en fout ! », souligne M. Rajotte.

Ovations pour TrudeauComme plusieurs, ils tenaient à être là pour voir le premier ministre Justin Trudeau défiler dans les rues de la métropole ontarienne. Brandissant un drapeau unifolié où les couleurs de l’arc-en-ciel s’étaient substituées au rouge habituel, le chef libéral a eu droit à de nombreuses ovations tout au long de la marche qui s’est échelonnée sur quelques heures.

« C’est tout un honneur, toute une fierté d’avoir M. Trudeau avec nous », a affirmé au Devoir le directeur général de Pride Toronto, Mathieu Chantelois, soulignant que la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, et sa conjointe, de même que le maire de Toronto John Tory ont aussi répondu présent à l’appel lancé par les organisateurs, fidèles à leur habitude.

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a elle aussi marché au défilé de la fierté gaie de Toronto.
La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a elle aussi marché au défilé de la fierté gaie de Toronto.   Photo : PC/Mark Blinch

Tous les candidats déclarés de la course à la direction du Parti conservateur fédéral, de même que le chef progressiste-conservateur ontarien, Patrick Brown, étaient également présents.

 «Mon Dieu qu’on a progressé» Des médias d’un peu partout sur la planète ont sollicité des entrevues avec Pride Toronto lorsque la présence de M. Trudeau a été confirmée, souligne M. Chantelois. « Les gens voulaient comprendre comment c’était possible. Ça dit qu’on est prêts à marcher dans la même direction. Beaucoup de travail a été accompli dans les derniers mois [pour l’avancement des droits des personnes LGBTQ au Canada], mais ce n’est pas fini. On ne sera jamais trop de gens à marcher dans la rue. »

Des mots qui rejoignent ceux de la première ministre Kathleen Wynne, première chef de gouvernement ouvertement gaie du monde anglo-saxon. Son gouvernement a annoncé la semaine dernière qu’il serait désormais possible d’obtenir des pièces d’identité où le sexe du titulaire ne sera pas précisé, comme le demandait la communauté trans. « En plus des changements légaux, il y a des changements culturels qui sont en train de s’opérer au Canada, a-t-elle estimé. Il reste énormément à faire, mais mon Dieu qu’on a progressé. C’est un message d’ouverture qu’on envoie au monde après Orlando. »Le festival de la Fierté de Toronto, l’un des plus importants dans le monde, attire chaque année plusieurs centaines de milliers de personnes. Celui de cette année a pris une tournure résolument plus militante à la suite de la tragédie de Floride, mais aussi en raison de la participation du mouvement Black Lives Matter, qui a orchestré un sit-in ayant duré près d’une demi-heure, en plein défilé, pour dénoncer la présence de la police parmi les organismes participants au défilé.

Des membres du mouvement Black Lives Matter Toronto marchent au défilé de la fierté à Toronto le 3 juillet 2016.Des membres du mouvement Black Lives Matter Toronto marchent au défilé de la fierté à Toronto le 3 juillet 2016.   Photo : Mark Blinch

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