Étiquettes
Brexit, Europe, manœuvres militaires, orientation antirusse, OTAN, Varsovie
Les dirigeants américain Barack Obama, allemande Angela Merkel, français François Hollande, mais aussi le Premier ministre démissionnaire britannique David Cameron, se réunissent avec leurs homologues de l’Alliance atlantique vendredi et samedi dans la capitale polonaise pour un sommet chargé de symboles puisque c’est là que fut signé en 1955 le Pacte de Varsovie, réponse soviétique à l’Otan.
La perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), qui ouvre un gouffre d’incertitude, sera sur toutes les lèvres, car elle risque de fragiliser l’Otan, dont Londres est une pierre angulaire.
Même s’il n’en est qu’à ses balbutiements, le Brexit promet des négociations longues et douloureuses dont les dirigeants de l’Alliance, Barack Obama en tête, se seraient bien passés au vu de l’instabilité sans précédent qui entoure l’Europe.
Bataillons à l’Est
Le sommet s’ouvrira vendredi après-midi sous haute sécurité après la vague d’attentats du groupe Etat islamique (EI) qui ont frappé Paris, Bruxelles et Istanbul.
Il « arrive à une période cruciale pour notre sécurité, caractérisée par des menaces et des défis provenant de toutes parts », a rappelé lundi le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
Le changement de donne remonte au printemps 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée, puis soutenu l’offensive de séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine (ce que Moscou dément).
C’est au même moment que l’EI a pris son essor en capturant la ville de Mossoul (Irak), devenant une menace tangible à deux pas des frontières de l’Alliance.
« L’attention de l’Alliance a été soudain ramenée directement vers nos frontières » et vers « notre tâche principale, la défense collective », décrit l’ambassadeur américain à l’Otan, Douglas Lute.
En septembre 2014, les dirigeants de l’Otan ont pris des mesures drastiques pour renforcer la réactivité de leurs armées, créer une unité déployable en 48 heures en cas de crise, construire des bases logistiques dans les ex-pays du Bloc soviétique partageant une frontière avec la Russie et y prépositionner des équipements.
A Varsovie, ils vont parachever ce « renforcement militaire sans précédent depuis la fin de la Guerre froide » en ordonnant le déploiement de quatre bataillons multinationaux (600 à 1.000 hommes chacun), en Estonie, Lettonie, Lituanie et en Pologne, inquiètes face à Moscou.
Ces troupes de combat doivent opposer une première résistance en cas d’offensive russe, tout en servant de garantie que les Alliés viendront immédiatement à la rescousse.
‘Frénésie militariste’
« L’orientation antirusse de l’Otan s’étale au grand jour », a réagi le président russe Vladimir Poutine. « Nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette frénésie militariste alors que, eux, semblent justement chercher à nous entraîner dans une course aux armements coûteuse et sans perspective », a-t-il lancé récemment.
« Ils n’y arriveront pas! Mais nous ne ferons pas preuve de faiblesse », a assuré M. Poutine, dénonçant les nombreuses manoeuvres militaires de l’Otan, notamment « près des frontières russes » en mer Noire et en mer Baltique, alors que les incidents se sont multipliés depuis deux ans.
A Varsovie, les dirigeants de l’Alliance devraient aussi donner le coup d’envoi du bouclier antimissile européen, après l’inauguration d’un premier site d’intercepteurs en Roumanie en mai. Un autre casus belli avec Moscou qui y voit une « menace » pour sa sécurité.
Pourtant, les dirigeants de l’Otan assurent que le sommet de Varsovie n’est pas une démonstration de force antirusse et insistent pour relancer le dialogue entre l’Otan et la Russie.
Mais de facto, leurs autorités militaires ne se sont pas parlées depuis deux ans et leurs ambassadeurs, qui ont renoué le dialogue pour la première fois en 20 mois en avril, ne se retrouveront qu’après le sommet.
Au Sud, l’Alliance commence à s’organiser pour juguler les menaces sécuritaires que représentent l’EI, le conflit en Syrie et le chaos en Libye. Elle veut aussi soutenir les rares pays stables de la région, comme la Jordanie ou la Tunisie.
L’Otan va se doter de puissants drones basés en Sicile et accepter de mettre ses avions-radars Awacs à disposition de la coalition anti-EI.
Enfin, la crise migratoire qui a déchiré les Européens a poussé l’Alliance à participer à la lutte contre les passeurs: après avoir dépêché une flotte en mer Egée, elle devrait coopérer davantage avec la mission Sophia de l’UE au large de la Libye.
