Virginie Robert
L’ancien Prermier ministre François Fillon, candidat à la primaire de la droite et du centre – AFP
Candidat à la primaire de la droite et du centre, François Fillon estime qu’après le Brexit, il faut une intégration plus forte des économies de la zone euro.
Conséquence inévitable du Brexit , la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne appelle à une refondation du projet européen, si décrié aujourd’hui. Candidat à la primaire de la droite et du centre, François Fillon n’appelle pas, comme d’autres personnalités politiques, à la formalisation d’un nouveau traité européen (Sarkozy) , à un référendum (Le Pen), ou encore à une reprise du projet communautaire avec un petit noyau dur (Le Maire).
Pour un gouvernement économique de la zone euro
Il faut partir des pays engagés, et le faire sans traité, qui n’aurait aucune chance d’être ratifié.
Sa base de départ est celle de la zone euro. « Il faut partir des pays engagés, et le faire sans traité, qui n’aurait aucune chance d’être ratifié », a-t-il affirmé, mercredi, à l’European-American Press Club . Cette refondation passe pour lui par la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro, la création d’un secrétariat général de la zone euro, et l’association des Parlements nationaux au contrôle de sa politique. Cela passera aussi par l’harmonisation des fiscalités des différents pays de la zone euro (impôt sur les sociétés, fiscalité du capital, TVA puis impôts sur les personnes). Les difficultés de la monnaie européenne s’expliquent, selon l’ancien Premier ministre, « par l’absence d’institutions politiques cohérentes » avec la devise. Il juge en revanche la proposition de dissolution de la Commission européenne « irresponsable ».
Clarification nécessaire de la relation avec les Etats-Unis
Les dangers qui guettent l’Europe – qu’il s’agisse de la montée en puissance asiatique ou de l’impérialisme économique américain qui s’exerce notamment par ses tribunaux sur des entreprises étrangères – « justifient une intégration plus forte des économies de la zone euro », assure François Fillon. Il est particulièrement insistant sur la clarification nécessaire que l’Europe doit avoir de sa relation avec les Etats-Unis en raison de l’incursion marquée et fréquente de la justice américaine dans les affaires européennes.
Priorités stratégiques
« L’Europe est en grand danger. On ne pourra être pris au sérieux que si la France est debout, crédible, sérieuse et fiable ». Le plus grand problème est son manque de crédibilité économique, estime-t-il. Vis à vis de nos partenaires, « nous sommes passés du bénéfice du doute à la charge de la preuve ». S’il est élu président, il propose un blitzkrieg de réformes à réaliser dans les trois mois de l’investiture. Des réformes structurelles (libération du temps de travail, réduction du code du travail à 150 pages, contrat de travail plus souple, « flat tax » à 30 %, refonte de l’enseignement professionnel…) qui seront assorties d’un programme de réduction des coûts de 110 milliards d’euros. Celui-ci inclut la suppression d’effectifs dans la fonction publique (500.000 en cinq ans). Pour rester dans la dynamique électorale, un référendum conclura cette période. Il serait alors demandé aux Français de se prononcer en faveur d’une égalité entre les différents régimes sociaux et la réduction du nombre de parlementaires.
Appel au dialogue avec les Russes et l’Iran
L’Europe doit se concentrer sur les priorités stratégiques : la monnaie, une politique des frontières, une politique de sécurité, une politique d’investissement et de recherche.
Le danger sécuritaire prioritaire est celui des totalitarismes islamiques. Pour y faire face, il appelle au dialogue avec les Russes et avec l’Iran. Enfin, il juge « intelligente » la proposition de Thierry Breton de mutualiser les dépenses de défense. « L’Europe doit se concentrer sur les priorités stratégiques : la monnaie, une politique des frontières, une politique de sécurité, une politique d’investissement et de recherche ». Dans une tribune publiée dans le Figaro mardi, il demande à l’Europe de repenser une alliance de défense européenne comme le rôle de l’OTAN, « qui n’est pas adapté » à la menace de l’organisation Etat Islamique.