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électorat latino, convictions catholiques, Hillary Clinton, Tim Kaine

I’m thrilled to announce my running mate, @TimKaine, a man who’s devoted his life to fighting for others. -H
C’est d’abord un homme de race blanche, la catégorie de la population auprès de laquelle l’ex-Première Dame peine le plus à convaincre, et au sein de laquelle son adversaire républicain, Donald Trump, la distance largement. Né le 26 février 1958, à Saint Paul dans le Minnesota, il est par ailleurs dix ans plus jeune qu’elle, un facteur susceptible de rassurer ceux qui estiment la candidate trop âgée, même si ce critère a perdu de son importance depuis que Trump, 70 ans, est devenu l’autre prétendant dans la course à la Maison-Blanche.
Maire, gouverneur, sénateur…
Tim Kaine a ensuite la riche expérience du gouvernement qui manque à Hillary Clinton. Il a, en effet, gravi un à un tous les échelons, exerçant toutes les responsabilités. Après des études d’économie à Kansas City, dans le Missouri, où il a grandi, et des études de droit à Harvard, il a été conseiller municipal, puis maire de Richmond, le chef-lieu de la Virginie, avant de devenir le lieutenant-gouverneur, puis, de 2002 à 2010, le gouverneur de cet Etat du Sud. Président du Comité national démocrate de 2009 à 2011, il a succédé à Jim Webb comme sénateur de la Virginie en novembre 2012.
Quelqu’un qui fait campagne en espagnol
Enfin, Tim Kaine parle couramment l’espagnol : il avait interrompu ses études à Harvard pour travailler comme volontaire pour une organisation jésuite au Honduras pendant neuf mois en 1980-81. Cette compétence linguistique, s’ajoutant aux convictions catholiques de Kaine, devrait encore renforcer l’attrait du ticket démocrate auprès de l’électorat latino qui est devenu une force politique majeure dans une Amérique en rapide mutation démographique. Dans des Etats clés comme la Floride, le Colorado ou le Nevada, les électeurs hispanophones pèsent désormais très lourd.
L’enjeu électoral de la Virginie
Si ces considérations ont dû orienter la décision d’Hillary Clinton (influencée peut-être par son mari : il se dit que Tim Kaine avait la préférence de Bill Clinton, après avoir été cité déjà en 2008 parmi les vice-présidentiables de Barack Obama, dont il est resté très proche), il se peut que la logique de la candidate se résume en définitive à un calcul électoral. Des stratèges estiment que si Mme Clinton remporte la Virginie en novembre, tout en gagnant les Etats cruciaux enlevés par Barack Obama à la fois en 2004 et 2008, la Présidence ne peut pas lui échapper, quand bien même elle perdrait la Floride et l’Ohio, deux des « swing states » traditionnellement les plus importants.
Un homme de l’establishment
En choisissant ce père de trois enfants, marié à la fille d’un ancien gouverneur de la Virginie (A. Linwood Holton Jr), et qui est un pur produit du sérail démocrate, Hillary Clinton a ironiquement choisi un parfait représentant de l’establishment politique alors que cette campagne présidentielle, tant chez les Démocrates que chez les Républicains, est dominée par un fort ressentiment de l’opinion contre l’establishment – ce que la victoire surprenante de Donald Trump et la performance tout aussi inattendue de Bernie Sanders ont traduit.
Le paradoxe, c’est que Trump a lui aussi opté pour un colistier issu de l’establishment en la personne du gouverneur de l’Indiana, Mike Pence. C’est que l’un et l’autre candidat ont besoin d’un partenaire expérimenté. De quelqu’un qui puisse aussi, dans des circonstances tragiques, endosser le costume présidentiel au pied levé. Et si l’on peut légitimement douter de l’aptitude de Pence à cet égard, Tim Kaine, lui, a incontestablement l’envergure voulue.
