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Bruno Colmant
Ce revirement n’est pas anodin. Il est favorisé par des circonstances singulières, dont le bas niveau de taux d’intérêt qui permet aux Etats de se financer à des taux réels, et même nominaux, négatifs.
On soulignera d’ailleurs le caractère inouï de la gestion monétaire et budgétaire, en particulier dans le cas européen. Alors que la crise de 2008 et l’embrasement de l’endettement public au motif de son rôle de stabilisateur économique dans un contexte de crise auraient justifié un relâchement monétaire et budgétaire, certains pays, dont l’Allemagne, assistés des sicaires et pseudo-économistes de la BCE, ont préconisé des politiques de rigueur budgétaire qui ont sabordé en quelques trimestres les économies des pays les plus faibles de la zone euro. Il a fallu attendre que les pays du Nord admettent le contexte déflationniste, auquel ils avaient contribué et qui les affectait désormais, afin que que la politique monétaire soit assoupie. Mais n’importe quel économiste d’eau douce sait qu’un assouplissement monétaire sans relance budgétaire est ineffectif. Entretemps, des millions d’emplois auront été engloutis et il aura fallu pénétrer dans le monde inconnu des taux d’intérêt négatifs.
Quel désastre dont les responsables ne seront jamais désignés.
Ceci étant, il faut regarder lucidement les conséquences de l’assouplissement budgétaire probable : l’endettement des Etats va augmenter, ce qui conduira à des besoins accrus de financements publics qui captureront, de manière croissante, l’épargne privée, soumise à une forte répression financière. Un jour, il faudra aussi honorer cet accroissement d’endettement public, ce qui conduira à des politiques fiscales plus dures, et probablement à un désastreux impôt sur la fortune, voire, pour certains pays, à des confiscation d’épargne et autres prélèvements sur les actifs thésaurisés.
Mais ceci est une autre histoire.