L’économie avant le burkini

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Dominique Seux

 

Il reste 200 jours avant le premier tour de la présidentielle et une chose est sûre : si la période qui nous en sépare est à l’image de ces derniers jours, il y a de quoi s’inquiéter. La France, endeuillée par plusieurs centaines de morts victimes du terrorisme islamiste, débat sur le port du… burkini. Côté politique, les noms d’oiseau volent déjà à droite entre les candidats à la primaire de l’automne, ce qui présage mal de la réconciliation nécessaire en vue du vrai scrutin de 2017. A gauche, les ambitions personnelles se multiplient, notamment de la part de ceux qui jouent le coup d’après, celui de l’après-défaite. Bref, le débat public s’enflamme sur des sujets qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vie des Français et les questions économiques risquent fort de passer à la trappe en cette rentrée.

Ce serait une lourde erreur et les milieux d’affaires s’en alarment à juste titre. Quelle est la situation ? L’activité a été nulle au deuxième trimestre, et le médiocre été touristique augure mal de la suite des événements. Certes, le gouvernement maintient sa prévision d’une croissance de 1,5 % pour cette année, mais la perspective de 1,7 % pour l’an prochain envisagée au printemps par François Hollande est hors d’atteinte. L’économie continue d’avancer sur de la tôle ondulée et la réalité est encore moins glorieuse pour peu que l’on réfléchisse en termes de PIB par habitant pour écarter les effets démographiques. Dans ce cas, le fameux « ça va mieux » est encore plus en pointillés. A court terme, les pays européens bénéficient d’un exceptionnel et anesthésiant alignement des planètes : des taux d’intérêt quasi nuls, un euro faible et un pétrole pas trop cher. Cela entretient la machine. Mais nul ne sait ce qui se passera quand un de ces paramètres changera d’orientation, ce qui arrivera inévitablement. L’autre interrogation porte sur les incertitudes politiques qui, on le sait, pèsent toujours sur le climat politique. Leur conjonction sera inédite dans les douze mois à venir entre les élections américaine, allemande et française, les suites du Brexit, le référendum italien et les flottements espagnols. Conclusion : la courbe du chômage risque fortement d’être chahutée. Dans ces conditions, la logique voudrait que l’économie occupe une place éminente dans les préoccupations collectives, et mobilise l’énergie notamment du pouvoir actuel. Or, l’Elysée considère avoir « fini le job » dans ce domaine – ce qui constitue une grossière erreur. La seule préoccupation du gouvernement semble être d’annoncer un geste fiscal purement électoral en direction des contribuables qui paient peu ou pas d’impôt sur le revenu. Les doutes sur la pérennité du ministre de l’Economie à Bercy rajoutent du trouble. Quant à l’opposition, elle présente des idées voisines et ambitieuses, ce qui constitue en soi une excellente nouvelle. Mais il lui reste à les préciser et surtout à les rendre crédibles.

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