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François Fillon, le 30 août.

TRIBUNE – Il n’y a pas d’urgence plus vitale que de restaurer le bon sens à l’école, argumente l’ancien premier ministre.

En France, contrairement à beaucoup de pays étrangers, le ministère en charge de l’instruction est dénommé ministère de l’Éducation nationale. Cela ne veut pas seulement dire que les programmes, les examens, les concours sont nationaux, cela doit aussi vouloir dire que la nation doit être enseignée à l’école. Devant la nécessité vitale d’unir la jeunesse de notre pays, l’apprentissage de notre langue, de notre culture, de notre histoire doit être au cœur de notre ambition éducative. Il faut en finir avec les complexes et les théories fumeuses qui ont déconstruit, chez tant de jeunes, le goût d’être ensemble, fiers d’être français.

«Il faut en finir avec les complexes et les théories fumeuses qui ont déconstruit, chez tant de jeunes, le goût d’être ensemble, fiers d’être français.»

La priorité de l’école primaire doit être la maîtrise de la langue française par tous les élèves. Il faut arrêter de dispenser dans nos écoles des enseignements de langue et culture d’origine (ELCO) financés par des pays étrangers qui choisissent leurs enseignants. A la fin des années 1970, on avait autorisé cet enseignement pour que les enfants de travailleurs migrants espagnols, italiens et portugais puissent connaître la langue de leurs parents et être à même de s’intégrer à leur pays d’origine lorsque leurs parents y retourneraient. Ces enseignements ont été ensuite ouverts aux enfants de parents algériens, marocains et tunisiens. S’y sont enfin ajoutés des enseignements de langue et de culture d’origine croate, serbe, turque… Alors que près de 100 000 élèves y assistent durant 1 h 30 à 3 heures par semaine, les enseignants ne sont quasiment pas contrôlés par l’Education nationale, des enseignantes y font classe parfois en portant le voile. Certains élèves, bénéficiant d’un enseignement dit « intégré », doivent même quitter leur classe pendant les heures de cours pour assister aux ELCO.

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur le fonctionnement du service public de l’éducation, publié en juillet 2015, avait fait le constat de « l’arrimage incertain d’une partie de la jeunesse à sa propre nationalité ». Ce même rapport relevait que les ELCO ont un « caractère communautaire, en ce qu’ils entretiennent une séparation entre élèves issus de l’immigration et les autres » et constituent « un dispositif contre-productif et propice aux dérives». La commission d’enquête du Sénat avait souhaité la suppression des ELCO. Je partage totalement cette conclusion. Pour tous les enfants, d’où qu’ils viennent, la meilleure chance de s’intégrer et de réussir, c’est d’avoir une culture française !

La lecture des nouveaux programmes d’histoire à l’école primaire est consternante. Selon le ministère, à l’école primaire, les maîtres doivent apprendre aux enfants « à comprendre que le passé est source d’interrogations ». Les faire douter de leur histoire : cette instruction est honteuse ! Au moment où les théories révisionnistes prolifèrent sur Internet, à l’heure où notre patrie est en quête de sens, où les replis communautaires nous divisent, faut-il que l’Ecole renonce à faire le récit de la Nation ? A cette rentrée disparaissent du programme plusieurs personnages importants français et européens : Jules César, Vercingétorix, Hugues Capet, Jeanne d’Arc, Gutenberg, Christophe Colomb, Copernic, Galilée, Richelieu, et même Voltaire et Rousseau ! Nous ne pourrons pas former une Nation solide en lui faisant rejeter son passé. Notre histoire a des moments glorieux, des moments tragiques mais elle est un tout. Nous devons l’assumer et nous n’avons pas à nous en excuser.

Si je suis élu président de la République, je donnerai instruction au ministre de l’éducation nationale d’abroger ces programmes et de demander à trois académiciens de renom de s’entourer des meilleurs avis afin de les réécrire, avec l’idée de les concevoir comme un récit national. Le récit national, c’est une histoire faite d’hommes et de femmes, de héros, de symboles, de lieux, de monuments, d’événements qui trouvent un sens et une signification dans l’édification progressive de notre nation. Il faut rétablir la continuité de ce récit en partant de la France et en axant ce récit sur celle-ci et non en le diluant, comme on le fait aujourd’hui, dans l’études de faits généraux « mondialisés ».

Lorsque j’étais ministre de l’éducation nationale, j’avais institué, en 2005, une note de vie scolaire qui comptait pour le brevet des collèges et qui prenait en compte le comportement de l’élève, son assiduité, son respect du règlement, son engagement pour les autres. Cette note a été supprimée par le gouvernement socialiste qui a considéré qu’exiger la discipline, c’était stigmatiser les élèves. Le désordre et la démagogie sont les adversaires du savoir. Il n’y a pas d’éducation sans civisme, sans effort, sans quête d’excellence. Il faut rétablir un dispositif de contrôle du comportement des élèves, exiger d’eux le respect des professeurs et des adultes participant à la vie de l’établissement et sanctionner tout manquement. Je suis aussi favorable à ce que les élèves portent à l’école et au collège une tenue uniforme afin de créer un esprit de communauté et d’éviter les querelles sur les marques de vêtements ou les débats sur la longueur de la jupe.

Quelles que soient leurs origines ou leurs croyances, tous les enfants doivent retrouver à l’Ecole le sens de la République française. Les enseignants et les familles que j’ai rencontrés attendent des pouvoirs qu’ils affirment haut et fort le rôle et les missions de l’Education nationale !