Thierry Fabre
Il comble les patrons, petits et grands. Mais son image sérieuse, voire austère, le tient à distance du podium.

François Fillon, à Caen, le 17 juin. C. Triballeau / AFP
Ses idées phares
Longtemps séguiniste, François Fillon s’est converti au libéralisme sur le tard. Et comme tous les nouveaux convertis, il a une foi aveugle. « Il est le seul à prôner une libéralisation du marché du travail, avec un Code du travail aussi mince que celui des Suisses », assène Pierre Danon, son directeur adjoint de campagne, ex-patron de Numericable. Fillon veut laisser les entreprises libres de négocier leur durée du travail jusqu’à… 48 heures, le plafond européen. Son équipe qualifie le programme de Juppé de « tisane verveine » et celui de Le Maire de « somnifère ». A l’inverse, sur le terrorisme, Fillon dénonce la surenchère de mesures sécuritaires.
Sa stratégie électorale
« Les Français attendent un homme sérieux, qui ne fasse plus de spectacle », lance Stanislas de Bentzmann, ex-président de CroissancePlus, qui le soutient. En jouant la carte de l’homme posé et déterminé, François Fillon a séduit les patrons, petits et grands, qui le préfèrent à Nicolas Sarkozy, selon un sondage OpinionWay. Une cible électorale trop étroite. Du coup, il a un peu adouci son programme, avec une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les classes moyennes. Un peu tard pour combler l’énorme écart dans les sondages qui le placent en quatrième position. Et Bruno Le Maire lui a piqué le rôle d’outsider.
Sa méthode de travail
Associer la « société civile ». Dès 2014, Fillon a multiplié des réunions en petit comité avec des artisans, des profs ou des agriculteurs, qui ont alimenté son projet. Chez les élus, il a rassemblé une soixantaine de parlementaires, envoyant une équipe resserrée (Jérôme Chartier, Jean-François Lamour…) porter sa parole sur le terrain. Et pour atténuer son image austère, il a changé la forme de ses meetings : celui d’Issy-les-Moulineaux, le 3 mai, était interactif, avec des questions posées via les réseaux sociaux, et faisait défiler des entrepreneurs sur la scène, les élus restant dans la salle. Un artifice qui n’a pas convaincu…