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convoi humanitaire, François Fillon, John Kerry, Loi Taubira, primaire de la droite, Syrie
Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry (à gauche) et l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura (à droite), au cours d’une réunion du Groupe international de soutien en Syrie, le 20 septembre 2016 à New York.© Kevin Hagen
La destruction d’un convoi humanitaire, lundi, n’est pas une duperie. C’est un affront infligé au secrétaire d’Etat américain et à tous ceux qu’il dit représenter
L’Américain John Kerry avait été très clair à ce propos, il y a quelques jours, lors de son dernier passage à Genève: conscient de l’ampleur du rôle qui lui était assigné, il était prêt à le jouer. Il lançait une ultime fois un pari de diplomate. Mais pas question de se faire berner, promettait-il. Si le régime syrien et son protecteur russe en venaient à tenter de le duper, il réagirait sans sourciller, mettant immédiatement fin à l’exercice.
La destruction délibérée d’un convoi humanitaire, lundi, n’est pas une duperie. C’est un affront, une immense gifle infligée au secrétaire d’Etat américain et à, travers lui, à tous ceux qu’il dit représenter. Hier, pourtant, John Kerry a donné l’impression de courber l’échine. Avec lui, à New York, Européens et onusiens ont fait la révérence: beaucoup de grands mots, rien de concret, rien de nouveau.
Une ultime soumission? Un effarant constat d’impuissance? Reste, en réalité, une autre hypothèse qui, si elle s’avérait exacte, rendrait tout ce jeu encore bien plus sale qu’il n’en a l’air. Pour rappel: samedi dernier, les Américains ont commis une incroyable bavure, bombardant «par erreur» des positions de l’armée syrienne et tuant des dizaines de soldats. Par erreur, vraiment? Ou s’agissait-il d’un message presque transparent adressé à Bachar el-Assad et à ses soutiens? Perdue dans un fatras d’alliances, ne sachant à quel saint se vouer, la puissance américaine se serait décidée à jouer beaucoup moins franc qu’il n’y paraît. Dans cette guerre sans foi ni loi, Washington en viendrait à s’adapter, pour ainsi dire, aux mœurs locales. Une duplicité partagée à tous les étages? Au risque, dans ce cas-là, que les humanitaires, comme les Syriens, en paient aujourd’hui directement le prix sous forme de représailles.