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Les primaires de la droite et du centre seraient en voie de parasitage aussi intensif que militant.
Là, au moins, fallait-il être à jour de deux ans de cotisation au parti. Ce n’est désormais plus le cas, les primaires de LR étant ouvertes aux quatre vents ; quant à celles du PS, on ne sait plus trop bien, s’agissant, semble-t-il, de signer une charte confirmant que le votant putatif serait d’équerre avec les valeurs fondamentales de la gauche. Lesquelles, là aussi, on ne sait plus trop bien.
Du coup, les primaires de la droite et du centre seraient en voie de parasitage aussi intensif que militant. Le Figaro assure : « Selon diverses études, environ 10 % des votants pourraient être issus des rangs des sympathisants de gauche, soit plusieurs dizaines de milliers de suffrages. » Et pencheraient plus vers Juppé que Sarkozy, ce qui fait plus le bonheur d’Alain que de Nicolas…
Pour tout arranger, les mêmes sondages, toujours selon Le Figaro, « rapportent que 10 à 13 % des participants à la primaire seraient issus des rangs du parti de Marine Le Pen, et voteraient à plus de 40 % pour Nicolas Sarkozy ».
Il est un fait qu’au FN, mieux vaut un Nicolas Sarkozy qu’un Alain Juppé au second tour. Sur le nom de l’ancien Premier ministre, il est possible de pratiquer une sorte d’union nationale par défaut. Sa pensée est aussi lisse que son crâne.
Il peut rassembler au-delà de la droite, du centre et du centre gauche. Certes, son subit regain de popularité doit beaucoup aux médias dont les engouements, par nature, sont éphémères ; mais, comment dire, il est moins « clivant », pour reprendre un vocable devenu à la mode.En revanche, la personnalité de Nicolas Sarkozy offre d’autres perspectives : perpétuel énervé, grossier personnage, cerné par les affaires et les livres à scandale – celui de Patrick Buisson, bien sûr, mais également l’ouvrage à venir de Michèle Cotta, qui lui est en partie consacré. Les militants et électeurs, qu’ils soient socialistes ou frontistes, ont donc un intérêt électoral évident à affronter l’énergumène plutôt que le vieux « sage » bordelais.
Après, l’affaire peut se faire officiellement ou officieusement. Pour sa part, Marine Le Pen affirme : « Ça n’est pas notre affaire. C’est une manœuvre que d’appeler d’autres électeurs à venir participer à la primaire. C’est la primaire de la droite et du centre. Par conséquent, il me semble que c’est aux électeurs et aux adhérents de la droite et du centre de se déplacer. » Une manière de contrer Alain Juppé ? Probablement, ayant tout à gagner à une primaire « ouverte » qui le débarrasserait de Nicolas Sarkozy, plus populaire que lui au sein du peuple militant : « Tout le monde peut voter. Et si on a voulu des primaires ouvertes, c’est justement pour accueillir tout le monde. »
De son côté, Manuel Valls estime que les électeurs de gauche sont « libres », ce qui ne mange pas de pain. Et préfère appeler assez logiquement à la mobilisation générale : « Votez à la présidentielle pour la gauche de gouvernement qui incarne la République ferme et bienveillante. » Que cette même République n’incarne ni fermeté ni bienveillance demeure une autre affaire : il lui faut parer au plus pressé.
Et le traditionnel marais, dans tout ça ? Hervé Morin soutient Bruno Le Maire, tandis que Philippe Vigier se range aux côtés d’Alain Juppé. Après les mystères des polyphonies corses, celui des voix centristes. Ou de l’art de détourner les électeurs des enjeux véritables, ceux de l’élection présidentielle et pas ceux de cette version à la va-vite relookée du défunt « Tournez manège »…