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La marine américaine a plusieurs navires de guerre postés en mer Rouge au large du Yémen.
Photo: Mass Communications Specialist 3 / Navy Visual News Service (NVNS) / Agence France-Presse La marine américaine a plusieurs navires de guerre postés en mer Rouge au large du Yémen.

Washington — Les États-Unis ne laisseront pas impunie l’attaque aux missiles d’un navire de guerre américain en mer Rouge, au large des côtes du Yémen, a déclaré mardi un porte-parole du Pentagone, le capitaine de vaisseau Jeff Davis.

Les États-Unis n’ont pas explicitement attribué l’attaque survenue dimanche soir, mais ont indiqué qu’elle venait des territoires contrôlés par les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.Les deux missiles tirés se sont abîmés en mer avant de toucher leur cible. Les Houthis ont démenti les avoir tirés.

« Nous tirerons cette affaire au clair », et « nous prendrons les mesures appropriées », a déclaré le porte-parole, indiquant que le Pentagone étudiait des mesures « de riposte ». « Nous allons nous assurer que quiconque restreint la liberté de navigation ou met les navires de la marine américaine en danger le fait à ses propres risques et périls », a-t-il indiqué.Les États-Unis soutiennent la coalition menée par l’Arabie saoudite qui combat les rebelles Houthis et les forces de l’ancien président Ali Abdallah Saleh.

Ils apportent du renseignement et du ravitaillement en vol pour les avions de la coalition arabe qui vont frapper les rebelles. Mais ils ne participent pas directement aux bombardements, de plus en plus critiqués par la communauté internationale pour leur terrible impact sur les civils.Après un bombardement samedi qui a fait plus de 140 morts samedi à Sanaa, l’administration américaine a indiqué qu’elle « examinerait » le soutien accordé à la coalition arabe.

Selon les responsables américains de la Défense, aucune mesure concrète n’avait toutefois été prise mardi pour réduire ce soutien, de toute façon considéré comme très limité. « En faire moins serait presque arrêter la coopération », a estimé un responsable de la Défense interrogé par l’AFP.Embarras

Les frappes de samedi mettent toutefois les États-Unis dans l’embarras et sapent leurs efforts en Syrie pour faire pression sur Moscou, accusé du même type de carnage.Aux yeux de Simon Henderson, analyste au Washington Institute, les Américains « sont furieux contre les Saoudiens pour leurs bombardements à l’aveugle » et le raid de samedi « a tout l’air d’une tentative délibérée par l’Arabie saoudite de tuer le plus de responsables Houthis possible ».

Mais la colère des États-Unis cache mal leur embarras vis-à-vis de leurs alliés saoudiens auxquels ils ont encore vendu en août, pour 1,15 milliard de dollars, 150 chars et des centaines de mitrailleuses lourdes.Non seulement Riyad a toujours été pour Washington un contre-poids à l’influence iranienne dans la région, mais la monarchie sunnite est en outre du côté de l’Amérique dans la guerre en Syrie, apportant son soutien à l’opposition syrienne contre le régime du président Bachar al-Assad.

Pour autant, David Weinberg, membre du centre de recherches conservateur Foundation for Defense of Democracies, exhorte Washington à ne pas céder au « tout ou rien » en coupant les ponts avec son allié militaire saoudien. L’expert rappelle que l’opération saoudienne vise à rétablir l’autorité du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, renversé par des Houthis aux cris de « mort à l’Amérique et à Israël, malheur aux juifs et victoire à l’islam ».« Les États-Unis sortiraient affaiblis d’un retrait précipité de leur appui à la mission saoudienne au Yémen », pense M. Weinberg, tout en reconnaissant que « la manière dont les Saoudiens font la guerre au Yémen ne sied pas aux intérêts américains ».