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Comme toujours avec les sondages, il faut aller y voir de plus près.
Il est sorti du premier débat de la primaire de la droite ce qui devait en sortir : Juppé est le meilleur d’entre eux. C’est du moins ce qu’a dit le sondage Odoxa du lendemain pour France Info. Un sondage qui a même pu mesurer l’évolution de la cote de son chouchou, qui est passée de 55 à 60 % entre le début et la fin de l’émission.
Comme toujours avec les sondages, il faut aller y voir de plus près.
Il y a d’abord l’échantillon: 1.003 personnes représentatives de la population française. Échantillon représentatif, mais réduit… Un sondage du Figaro, réalisé, lui, par plus de… 100 000 votants, donne Juppé à 26 %, Sarkozy à 25 %, Fillon à 18 % et Poisson à 16 %. Certes, l’échantillon est forcément plus droitier et plus militant. Or, cet électorat-là ne pèsera-t-il pas lourd dans cette primaire de la droite ?
Ensuite, sur ces 1.003 personnes représentatives, Odoxa en a sélectionné 500 avant et 503 après pour les interroger sur ces candidats. D’une part, cela voudrait dire que 50 % du corps électoral français se déplacerait pour voter à la primaire, ce qui est, bien sûr, irréaliste et fausse, depuis des mois, tous les sondages (voir ici). D’autre part, on ne sait pas si ce sont les mêmes 500 qui ont été interrogés avant et après…
Mais, surtout, il faut aussi émettre les plus grandes réserves quant à la question posée: « Quel est, pour vous, l’homme le plus capable de faire gagner la droite à la présidentielle ? » Ah ! C’était donc ça, la question ! On demande à l’encan : « Qui est le plus apte à les faire gagner ? » Que Juppé arrive premier à cette question, rien d’étonnant ! Et ce n’est pas un exploit : Poisson, NKM, Copé, Le Maire, Fillon, c’est entendu, personne n’y croit. Restent Juppé et Sarko.
Et pour Sarko, c’est vrai, on a des doutes qu’il puisse « faire gagner ». Car, c’est vrai, il a déjà perdu. Et perdu face à… Hollande. Pas très glorieux. Donc, oui, par défaut, on met Juppé en 1. Et en plus, c’est ce que les médias, la droite, la gauche des banlieues, Mariton, et même l’UDI (qui attend toujours que tout le monde ait parlé pour l’ouvrir) nous demandent !« Par défaut ». Le sondage ne vous a pas demandé pour qui vous voteriez, ni de qui vous vous sentez le plus proche, mais qui vous pensez être le mieux placé pour l’emporter. Ce n’est pas du tout la même chose.
Évidemment, à chaque présidentielle, il y a cette minorité flottante et molle qui va, qui vient, qui vote dans le sens du petit vent, du chouchou des sondages, et ça nous donne hier Hollande, demain Juppé. Mais, parfois, d’autres minorités plus décidées se mobilisent, devant l’urgence et les périls, et refusent de confier le destin de la France à ces candidats « les mieux placés ». C’est ce qu’il faut souhaiter et pour ces primaires et pour les présidentielles.