François Fillon rejette l’idéologie de la « repentance »

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En ayant le courage de la rejeter fermement, François Fillon a certainement marqué un point dans la primaire.

 
Jean-Michel Léost
Professeur honoraire

Sur le plateau de « L’Émission politique » de France 2, jeudi soir, François Fillon a été violemment agressé par Élie Domota, un syndicaliste de Guadeloupe qui s’est illustré lors de la grève générale de 2009. Au point que les animateurs de l’émission eussent pu craindre que l’agression ne restât pas simplement verbale si le « dialogue » n’avait eu lieu en duplex. Dialogue ? Terme inapproprié, tant François Fillon eut du mal à en placer une.

L’objet de l’accusation ? Le discours de l’ancien Premier ministre, le 28 août, à Sablé-sur-Sarthe : il avait affirmé que « la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord » et que « non, la France n’a pas inventé l’esclavage ». Le leader syndicaliste n’a pas mâché ses mots : « Lorsque Jules Ferry dit que les races supérieures doivent s’imposer sur les races inférieures, vous êtes dans cette même philosophie. Vous considérez les peuples d’Afrique et les peuples d’outre-mer comme des êtres inférieurs. Et les propos que vous tenez relèvent du racisme et de l’apologie du crime contre l’humanité. » Rien que cela !

Quand il put enfin répondre – sans être apparemment écouté par le syndicaliste qui poursuivait sa diatribe –, François Fillon a contesté avec la plus grande énergie ces accusations « parfaitement scandaleuses » et a revendiqué son « refus de la repentance ». Il a rappelé d’abord une vérité historique : « L’esclavage n’a pas été l’apanage de la France », mais « le fait de toutes les sociétés, y compris des sociétés africaines ».

Ensuite, une vérité de méthode : on ne peut juger les événements du passé selon une grille de valeurs contemporaine, indépendamment du contexte : « Bien sûr que l’esclavage est un crime, bien sûr que la colonisation aujourd’hui, avec les critères qui sont les nôtres, est un crime », a-t-il concédé, ajoutant que « [l’histoire de France] correspond à des époques, à des mœurs, elle s’inscrit dans une histoire de l’humanité » et refusant « qu’on fasse porter à notre pays cette responsabilité ».

François Fillon a eu raison de soutenir cette position. Car l’idéologie de la « repentance » conduit inéluctablement à l’abaissement de la France. Si la colonisation a pu commettre des erreurs, elle a aussi apporté beaucoup aux pays colonisés. Au lendemain de son élection comme premier président de la nouvelle République indépendante, Léopold Sédar Senghor évoquait le Sénégal comme un pays façonné par l’Europe et l’Afrique, « trait d’union » entre les deux pays. Un an plus tôt, inaugurant la faculté des lettres de Dakar, il avait rappelé l’héritage que la France avait laissé : « des ports, des aérodromes, des routes, des hôpitaux, des usines, des immeubles administratifs » et « dans ce jeune pays assoiffé de savoir, […] ses écoles, ses collèges, ses lycées et, par-dessus tout, cette université de Dakar ».

Mais les adeptes de la repentance considèrent sans doute que cet agrégé, membre de l’Académie française, était un affreux collaborateur des colonialistes. Cette idéologie, toujours à sens unique, ne se contente pas de vouloir rabaisser la France. Elle a, en outre, des effets négatifs sur une partie de la population originaire des anciennes colonies, en l’enfermant dans un statut de victime et en la détournant du processus d’intégration et de réussite sociale. En ayant le courage de la rejeter fermement, François Fillon a certainement marqué un point dans la primaire.

 

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