La candidate est fragilisée depuis que le FBI a annoncé, vendredi, avoir rouvert l’enquête sur l’utilisation d’un serveur privé lorsqu’elle était dirigeait le département d’Etat.

Meeting avec Joe Biden, concert de Jennifer Lopez et levées de fonds à grand renfort de célébrités : le weekend à grand spectacle d’Hillary Clinton devait lui permettre de l’emporter dans la dernière ligne droite en Floride et dans l’Ohio, deux Etats clé pour sa campagne. Jusqu’à ce qu’un courrier du FBI ne vienne tout gâcher.

Vendredi 28 octobre, le directeur du bureau, James Comey a annoncé rouvrir l’enquête sur l’utilisation d’un serveur privé par la candidate lorsque celle-ci était secrétaire d’Etat (2009-2012). Une affaire qui, bien que close depuis plusieurs mois, continue d’être exploitée contre elle par son rival Donald Trump. Et qui monopolise de nouveau toute l’attention médiatique depuis vendredi, reléguant pour une fois les frasques du milliardaire au second plan.

A la veille du weekend, le FBI a en effet annoncé avoir mis la main sur de nouveaux emails qu’il juge « pertinent d’examiner (…) à la lumière de l’enquête », selon un courrier adressé par James Comey à des parlementaires. C’est à l’occasion d’investigations annexes, concernant Anthony Weiner, l’époux d’une des collaboratrices d’Hillary Clinton, Huma Abadin, que le FBI a mis la main sur ces nouveaux messages. Anthony Weiner, représentant de l’Etat de New York, fait depuis quelques mois l’objet d’une enquête pour l’envoi de messages à caractère sexuel à une mineure.

Donald Trump saute sur l’occasion

Le FBI a eu beau préciser ne pas savoir si ces nouveaux emails contenaient des informations susceptibles de mettre en cause Hillary Clinton, Donald Trump a sauté sur cette occasion inespérée – « énorme », selon ses propres termes. « J’ai beaucoup de respect pour le FBI et le département de la justice, qui ont enfin le courage de corriger l’effroyable erreur qu’ils ont faite, a-t-il déclaré à ses supporters depuis le New Hampshire. Peut-être que la justice sera enfin rendue ».

En perte de vitesse dans les sondages, l’homme d’affaires new-yorkais ne cesse de fustiger « le système », et n’hésite plus à annoncer des élections « truquées ». Depuis des mois, il accuse ainsi le FBI d’avoir clos l’enquête sur les emails sur instruction de la Maison blanche.

Hillary Clinton accuse le FBI

Furieuse, Hillary Clinton n’a pas tardé elle non plus à contre-attaquer, accusant de façon à peine voilée le directeur du FBI, qui a pris cette initiative contre l’avis du ministère de la justice, de chercher à peser sur la campagne. « C’est étrange de publier quelque chose d’aussi creux juste avant une élection, a-t-elle lancé depuis la Floride samedi. C’est même très troublant ». La candidate a pressé l’agence de publier les informations à sa disposition plutôt que de se contenter de ce communiqué opaque.

L’affaire tombe d’autant plus mal pour elle qu’il y a peu de chances que le FBI puisse en dire davantage avant le 8 novembre, ce qui risque de laisser libre cours à toutes les extrapolations. James Comey, un Républicain nommé par Barack Obama, n’a d’ailleurs pas caché ses états d’âmes. «D’ordinaire, nous n’informons pas le Congrès de nos enquêtes en cours, admet-il dans le courrier. Il serait trompeur de ne pas informer les Américains (…) En même temps, nous ne savons pas ce que contiennent ces emails. Je ne veux pas donner de fausses impressions. En essayant d’être mesuré, avec ce courrier et au milieu d’une élection, le risque d’être mal compris est réel ».