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interview au Parisien
Votre remontée dans les sondages, a quoi l’attribuez-vous ?
Il n’y a pas de remontée dans les sondages parce que les sondages ne valent rien. Je constate qu’il y a une dynamique de progression. Je le sens sur le terrain depuis un certain temps. Les Français reconnaissent ma cohérence politique et morale. Le match de la primaire se jouera de façon très serrée entre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et moi. Seul mon projet peut redresser le pays.
Vous proposez une suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et une hausse de deux points de la tva. Vous voulez donc moins d’impôts pour les riches et plus pour les pauvres ?
Quelle caricature ! On assiste impuissants au passage de notre économie sous contrôle étranger. Car il n’y a plus d’investisseurs français, on les a matraqués au plan fiscal. Les revenus du capital sont imposés à 60 % chez nous, contre 30 % en Allemagne. Ne nous étonnons pas, ensuite, que les investisseurs en France soient qatariens ou américains ! Moi, je suis pour capitalisme tricolore qui investit pour nos usines, pour nos emplois, pour nos produits. Revenir à une fiscalité du capital raisonnable, c’est une mesure de bon sens.
Quid de la hausse de tva…
Je propose de transférer une partie du financement de la protection sociale sur la TVA, ce qui permettra de baisser les charges salariales qui amputent le pouvoir d’achat. Les baisses de charges et d’autres mesures comme le changement du mode de calcul des allocations familiales représenteront de 300 € à 1 600 € par an de pouvoir d’achat supplémentaire.
Nicolas Sarkozy est très clair sur l’impôt sur le revenu, en promettant une baisse de 10 % pour tout le monde. Votre programme, sur cet impôt, est assez flou…
C’est au contraire clair et sans démagogie : je ne touche pas à l’impôt sur le revenu pour l’instant car je considère que ce n’est pas possible. Cette question illustre bien la différence entre nos deux programmes. Nicolas Sarkozy souhaite baisser de 17 Mds€ les charges sur les entreprises. Ça ne servira à rien, c’est trop modeste. Je propose de mettre le paquet sur la réduction des charges des entreprises avec une baisse de 40 Mds€. Ma priorité est la relance de l’économie et de l’emploi.
Vous parlez d’« élargir l’assiette de l’impôt sur le revenu ». Faut-il augmenter le nombre de contribuables comme vous l’aviez fait lorsque vous étiez premier ministre ?
Augmenter le nombre de redevables est légitime car tout citoyen devrait payer un petit quelque chose à la vie de la nation.
Si vous êtes élu, gardez-vous la reforme du prélèvement a la source ?
Je suis hostile au prélèvement à la source car il gèlera une fiscalité très injuste. Si je suis élu, j’arrêterai cette réforme.
Comment comptez-vous réduire les déficits publics ?
Une grande nation comme la nôtre devrait savoir gérer son budget comme n’importe quelle famille sérieuse. Même si François Hollande nous laisse une quarantaine de milliards d’euros de dépenses non financées en 2017 et 2018, je souhaite l’équilibre des comptes publics en 2022. Je propose de réduire de 100 Mds€ la dépense publique au cours du quinquennat. L’effort portera à 30 % sur les dépenses d’Etat, 20% sur celles des collectivités locales et 50% sur les dépenses sociales. Je souhaite une réduction de 500 000 emplois dans les trois fonctions publiques. On ne redressera pas la France avec 2100 milliards de dettes. Je préfère dire la vérité plutôt que les paroles plaisantes et trompeuses.
Comment y arriverez-vous ?
Je veux un Etat fort et une solidarité qui marche. Si on veut réduire les déficits, il faut réduire le nombre des emplois publics, mais si on veut que notre Etat soit performant, il faut augmenter le temps de travail des fonctionnaires. Ils devront travailler 39 heures par semaine. Nos services seront plus efficaces. C’est la principale différence avec mes concurrents à cette primaire qui n’ont pas de réponse précise à cette question.
Passer de 35 a 39 heures, a salaire égal ?
On ne pourra pas passer de 35 à 39 heures sans un effort de rémunération pour les fonctionnaires. L’idéal serait de partager les gains de productivité. Je propose donc une négociation pour améliorer la rémunération. Il faudra aussi discuter des perspectives de carrière et des conditions de travail.
En ce qui concerne les collectivités locales, 20mds € de baisse des dotations, c’est le double de ce qu’a fait le gouvernement…
Oui, il va falloir continuer à baisser les dotations des collectivités locales. Pour que ce soit possible, nous donnerons plus de libertés dans leur gestion quotidienne, grâce à moins de normes et la possibilité de sortir du statut de la fonction publique territoriale.
Allez-vous privatiser des entreprises publiques ?
Je veux reprendre la politique des privatisations. L’Etat est présent dans beaucoup d’entreprises sans que personne n’en tire de bénéfice. Quel est l’intérêt de rester au capital de Renault ?
Selon des écoutes réalisées pendant la campagne des municipales a paris en 2013, Bernard Squarcini a demandé à Nathalie Kosciusko-Morizet de vous « tuer », politiquement. Réclamez-vous, comme Rachida Dati, l’exclusion de NKM de la primaire ?
Je ne demande l’exclusion de personne. Mais toutes ces rumeurs éclairent d’un jour extrêmement désagréable une certaine façon de faire de la politique.
Le ralliement de Valérie Pecresse à Alain Juppé, c’est une trahison ?
Je suis déçu, mais sans doute est-elle encore plus gênée que moi. Il y a encore peu de temps, elle disait qu’elle hésitait entre moi et Nicolas Sarkozy et qu’Alain Juppé, ne correspondait pas à ses attentes… Je vois bien que lorsque tous les matins on présente Juppé comme le « grand favori », ça peut peser sur les esprits… Mais Valérie Pécresse se trompe parce que je serai au second tour.
Au sujet des confidences de François Hollande, seriez-vous prêt, comme Eric Ciotti, a saisir la justice pour violation du secret défense ?
François Hollande n’est jamais devenu le chef de l’Etat, il a un problème d’autorité, de dignité. Sa conception du pouvoir est floue. La démarche d’Eric Ciotti est vaine puisque le président bénéficie d’une immunité. La seule procédure qui peut être conduite, c’est celle de la destitution, mais elle n’a aucune chance d’aboutir, puisque la majorité du Parlement est nécessaire. Reste que je trouve choquant que le sujet ne soit pas débattu. Quand François Hollande met son casque et prend son scooter pour rendre des visites discrètes, ça fait un buzz médiatique gigantesque. Quand il commet une faute aussi grave que de livrer des secrets d’Etat, on a le sentiment que ça ne heurte personne…
Cela mérite une destitution ?
Il est grave qu’une Chef d’Etat passe autant de temps avec des journalistes pour convaincre qu’il est un « vrai président » parce qu’il a fait supprimer des personnes, qu’il leur montre des plans secret défense pour tenter de leur prouver qu’il tient la barre. C’est une faute objective, contraire à l’intérêt national, et, sur le plan psychologique, ça en dit long sur les fragilités et l’orgueil déçu du personnage.
Tout cela, est contraire à ma conception du rôle du président de la France.
Vous voulez « réécrire » la loi Taubira sur le mariage pour tous. Cela veut-il dire que vous, président, il n’y aura plus de mariage entre personnes du même sexe ?
Non. Bien qu’hostile au mariage pour tous, je ne veux pas revenir sur un fait acquis qui ne ferait que dresser un peu plus les Français les uns contre les autres.
Mais Sens commun, une association issue de la « manif pour tous », vous soutient officiellement…
J’en suis heureux car il y a chez eux des valeurs que je partage, mais je ne réponds pas à toutes leurs revendications dont celle d’abroger la loi. Je souhaite en revanche réécrire le volet concernant le droit de la filiation en inscrivant comme principe qu’un enfant est toujours le fruit d’un homme et d’une femme.
C’est remettre en cause l’adoption par les couples homosexuels ?
L’adoption sera toujours possible mais elle ne pourra plus être plénière. En clair, la loi ne permettra pas de considérer qu’un enfant est de manière exclusive fils ou fille de deux parents du même sexe. La procréation médicalement assistée (PMA) doit, elle, être strictement réservée, pour raison médicale, aux couples hétérosexuels.
En 2005, alors ministre de l’Education, vous aviez renoncé à votre réforme du bac. Comment croire que vous irez au bout de celle que vous prônez aujourd’hui ?
Ce n’est pas la rue qui m’a fait reculer mais le président Chirac. Je ne pouvais pas avoir à dos les syndicats étudiants et le président ! Mais si je suis élu, elle se fera. Je propose un bac avec une part de contrôle continu et cinq épreuves « au choix ».
Un récent rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire dit que la France est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE. Comment rendre l’école plus juste ?
En arrêtant de reculer devant le diktat d’organisations syndicales qui verrouillent le système. 40% des élèves en CM2 ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux. L’urgence est la réforme de l’école primaire. Je voudrais qu’elle commence dès cinq ans, que 75% de son temps soit consacré à la lecture-écriture-calcul et qu’il ne soit plus possible de la quitter sans avoir le niveau requis pour entrer dans le secondaire.
Vous souhaitez aussi le retour de l’uniforme…
Je ne prône pas nécessairement le costume-cravate mais une tenue choisie par chaque établissement, comme un tee-shirt de la même couleur. Au moment où le pays est bousculé par les débats sur les symboles vestimentaires (voile, burkini), je propose de mettre en place cette tenue uniforme, signe d’égalité. L’éducation passe aussi par l’autorité et le respect.
La mesure phare
«La mesure la plus symbolique, la plus efficace, c’est la suppression de la durée légale du travail et le renvoi à la négociation totalement libre dans les entreprises. Sur le temps et l’organisation du travail, je fais confiance aux entrepreneurs et aux salariés pour trouver les meilleures solutions »
La méthode
« Les responsables politiques ont un blocage psychologique : ils considèrent que le pays est irréformable et, du coup, s’abstiennent de le moderniser vraiment. Tout le monde dit que la loi El khomri a bloqué le pays. Elle n’a rien bloqué du tout ! Le pays a continué de fonctionner. Cette loi a mis 150 000 personnes dans la rue. Lors de ma réforme des retraites, en 2003,elles étaient 2,5 millions dans la rue. Et ma réforme a quand même été au bout. Ca n’a pas été facile, mais elle s’applique aujourd’hui, ce qui a permis de sécuriser les retraites. Le pays est plus prêt aux changements que l’on veut bien le dire ! Il sent que le conservatisme actuel l’appauvrit. Les Français en ont assez des mesures à minima qui ne règlent rien. Si l’on recule à l’avance, parce qu’il y a des organisations syndicales qui bloquent tout, cela veut dire que l’on accepte la voie de la décadence, cela signifie que l’on accepte un programme de soins palliatifs pour notre pays. Moi je veux le redresser, lui rendre sa force ! Je ne souhaite pas l’affrontement, mais le bras de fer peut être nécessaire dans certains cas. Ces questions doivent être mises sur la table. Et les Français trancheront. C’est pour cette raison que je propose un référendum sur l’inscription dans notre Constitution de l’égalité des régimes sociaux. Avec ce principe constitutionnel, le Parlement devra alors prendre des lois pour faire converger les régimes sociaux, y compris donc les régimes spéciaux. Ce référendum se fera en septembre 2017. La deuxième question de ce référendum portera sur la diminution du nombre de parlementaires car il faut moderniser notre démocratie ».
Le cas concret
« On parle de gens qui sont partis nous faire la guerre ! Donc, moi je leur ferai la guerre. D’abord, si je le peux, je ferai neutraliser ces djihadistes sur place. Cela correspond à quelques centaines de personnes. Moins il y en a qui reviendront en France mieux ce sera. Deuxièmement, il y a dans la législation française une disposition qui date du Front Populaire qui permet de retirer la nationalité à toute personne qui tourne les armes contre son pays. Il faudra aussi, en s’entendant avec la Turquie, qu’elle n’accepte pas sur son territoire les djihadistes français qui voudraient rentrer en France.
Il faut dire les choses : ces gens qui sont partis nous combattre avec violence, avec haine, on va les accueillir, les mettre dans des centres de déradicalisation ? C’est se moquer du monde. Si certains reviennent, on les juge et on les met en prison pour un bail… Mais l’idéal est en d’en accueillir le moins possible sur notre sol. »