Étiquettes

,

article

Je veux placer la bataille pour l’emploi des jeunes au cœur de la prochaine présidentielle. Il est faux de dire que tout a déjà été essayé et il serait fou de ne pas voir que le chômage de masse est une bombe au cœur de notre société. Près d’un jeune sur quatre entre 15 et 24 ans est au chômage, 140 000 quittent chaque année le système éducatif sans diplôme ni qualification, et 2 millions sont totalement hors système, ni au travail, ni à l’école, ni en formation. Autant de jeunes à la dérive, en proie à la désolation, la frustration et la délinquance.

Notre taux de chômage des jeunes cherchant un emploi est de 25% alors qu’il est de 14% aux Royaume Uni et de 7% en Allemagne.

Nos jeunes sont les victimes d’un prétendu « modèle », en réalité, antiéconomique, élitiste et antisocial. Antiéconomique, car il ne fait pas vraiment confiance aux entrepreneurs pour aller au bout de leur métier qui est de gagner des marchés et de dégager des bénéfices pour investir. Elitiste, car il surprotège et ceinture aussi ceux qui ont la chance d’avoir des diplômes, une formation, un emploi stable. Antisocial, car il repousse celles et ceux qui partent de loin, les sans formation, les sans carnet d’adresses, les perdus du code du travail.

Pourtant la France a de nombreux atouts : productivité, qualité de nos travailleurs et ingénieurs reconnue dans le monde entier, entreprises innovantes, appétit des jeunes de tous horizons pour l’entrepreneuriat. Ca n’est pas le talent français qui est en cause, c’est notre système qui est bloqué !

Déverrouillons-le vite ! L’essor du très haut débit, de la géolocalisation, des réseaux sociaux, de l’impression 3D révolutionne notre vie économique. Nous pouvons faire de la France une Startup Nation. L’économie collaborative sera multipliée par 20 en 10 ans. Tous les secteurs sont concernés, créant des opportunités, pour les grandes entreprises, les PME, les TPE et les travailleurs indépendants. Le salariat n’est plus la norme unique et le mouvement soutenu par mon Gouvernement avec le statut d’auto-entrepreneur s’amplifie. Cet essor, qui rebat les cartes, est une chance pour la France et pour les jeunes.

Je veux sortir de la politique de rustines et agir énergiquement sur plusieurs leviers.

Il faut renouer avec la croissance. C’est le secteur marchand et non l’emploi public ou le secteur associatif qui peut offrir aux jeunes des opportunités de long terme. Je baisserai massivement les charges, dès le début du quinquennat, sur tous les salaires : 40Mds€ pour la compétitivité des entreprises et 10Mds€ pour les ménages. Je m’attaquerai aux rigidités: fin des 35 heures, négociation du temps de travail en entreprise, recentrage du Code du Travail sur les normes sociales fondamentales… Ceux qui m’accusent de vouloir assouplir notre économie sont en réalité, par leur conservatisme, les complices du chômage.

L’emploi des jeunes passe par la réforme de notre système éducatif, lieu d’acquisition des connaissances et des valeurs, mais aussi d’accès à un métier. Trop de jeunes ne s’insèrent pas dans la vie professionnelle ou échouent dans leurs études. L’engagement des enseignants n’est pas en cause : ils se débattent dans le carcan centralisateur de leur administration. Ce n’est pas non plus une question de moyens, les comparaisons internationales le prouvent. Je donnerai plus de liberté aux acteurs de terrain et j’encouragerai leurs initiatives pour promouvoir des modèles éducatifs innovants. Pour les décrocheurs, j’encouragerai les initiatives locales : écoles de la deuxième chance, mission des centres sociaux, entreprises d’insertion et citoyennes…

L’alternance doit devenir la voie privilégiée d’accès à l’emploi. En Allemagne, au Royaume Uni, en Suisse, où le chômage des jeunes est moins élevé, l’apprentissage est résolument tourné vers les entreprises, très impliquées dans la définition des formations. Je veux promouvoir massivement l’alternance qui garantit l’employabilité, du secondaire jusqu’à l’enseignement supérieur, quelle que soit la filière suivie. Là aussi il faut de la liberté aux acteurs de terrain : je donnerai aux régions et aux branches professionnelles la responsabilité de l’enseignement professionnel scolaire. Elles pourront adapter l’offre de formation délivrée aux besoins locaux. Je mettrai fin au système inefficace d’emplois aidés et réaffecterai les fonds à l’alternance.

J’entends faciliter l’essor du travail non-salarié pour tirer parti des nouvelles formes d’économie. Dans l’économie collaborative, la production de masse sera complétée par des modèles de production locale de biens et de services, fournie par de petites structures innovantes travaillant en réseau. C’est une opportunité pour l’emploi dans nos territoires et en particulier pour les jeunes. Les entreprises auront besoin à la fois de salariés et de prestataires indépendants. Cette mixité nécessaire à cette nouvelle forme d’économie permettra à de nombreux indépendants de développer leur activité, puis éventuellement d’accéder au salariat. Là aussi la liberté doit primer : je faciliterai la multi-activité, je créerai un statut de prestataire indépendant protégeant le donneur d’ordre du risque de requalification, je donnerai aux travailleurs indépendants la protection sociale nécessaire.

Ces changements que je propose hérissent les tenants du statu quo. Mais les jeunes que j’ai rencontrés partout en France sont demandeurs. Ils n’aspirent pas à plus de règles ou de normes, mais au contraire à plus de liberté pour pouvoir bâtir leur avenir.