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Par François-Xavier Bourmaud

C’est l’instant Fillon. Ce moment de la primaire où surgit le troisième homme. Où les électeurs potentiels portent leur regard vers une alternative, sans doute lassés de voir tourner en boucle depuis des mois le scenario du duel Sarkozy-Juppé. François Fillon donc. En quelques semaines, son image a changé. Il était ombrageux, c’est devenu un gage de sérieux. Il avait un côté austère qui ne se marre pas, cela témoigne maintenant de sa compétence. Sa rigidité était légendaire, elle lui permet désormais d’enfiler le costume d’homme d’Etat. En quelques semaines, le candidat a changé dans les yeux de ceux qui l’observent.

Le deuxième débat de la primaire? «Il a été bon non?» Son passage chez Karine Le Marchand? «On a découvert un autre homme». Son programme? «Il réussit la synthèse de la droite libérale et de la droite autoritaire». Quand Bruno Le Maire ou Jean-François Copé promettent qu’ils créeront la surprise, cela passe pour une déclaration de principe. Quand François Fillon dit que «les médias se sont plantés sur Donald Trump» et qu’«ils se planteront sur la primaire de droite», on y prête un peu plus d’attention. Tout comme lorsqu’il prédit que «le match de la primaire se jouera de façon très serrée entre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et moi».

Tant qu’il reste dans la peau du troisième homme, il ne risque rien. Les deux favoris auront besoin de son soutien pour espérer la victoire. Mais s’il devient vraiment menaçant, il commencera à subir des attaques. François Fillon n’en est pas encore là. Il n’est pour l’heure qu’une option. On ne l’envisage qu’avec des «et si…». Il lui reste dix jours. Le temps d’un instant.

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