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Boris Johnson, Brexit, David Davis, Liam Fox, Royaume-Uni, Theresa May
Par : Matthew Tempest Traduit par: Manon Flausch
Le grand saut vers l’inconnu semble se confirmer pour le Royaume-Uni, qui n’a plus que 4 mois pour entamer la procédure de divorce avec l’UE et n’a toujours pas de feuille de route.
Selon un mémo confidentiel du gouvernement britannique, obtenu par The Times, il n’existe en effet pas de stratégie pour le Brexit. Le document suggère que le pays pourrait avoir besoin de 30 000 fonctionnaires de plus pour gérer le fardeau administratif de la sortie de l’UE.
Officiellement, l’administration refuse de révéler ses intentions, mais le mémo, daté du 7 novembre, confirme les craintes selon lesquelles les trois ministres chargés du Brexit n’ont pas réellement de stratégie concrète, à part le mantra gouvernemental: « Brexit, cela signifie le Brexit ».
Le gouvernement de David Cameron avait catégoriquement refusé que Whitehall fasse une ébauche de plan stratégique pour un possible Brexit, de crainte que cette stratégie parvienne au public et ne renforce la campagne anti-UE.
Le cabinet de Theresa May s’est empressé de réfuter le mémo, tout en ne niant pas son existence, assurant qu’il avait été écrit par des consultants externes. « Il ne s’agit pas d’un document officiel et nous ne reconnaissons pas les affirmations qu’il contient », ont déclaré les représentants de Theresa May. « Nous sommes concentrés sur notre tâche : concrétiser le Brexit et en faire une réussite. »
Selon le document, « Mise au point sur le Brexit », « aucune stratégie commune n’a émergé » pour une sortie de l’UE, malgré le long débat qu’ont eu les grosses pointures de l’administration.
Élections françaises, quel impact ?
Le gouvernement britannique pourrait mettre encore six mois à s’accorder sur ses priorités dans les négociations avec l’UE, toujours selon le mémo. Cela porterait la décision à avril 2017, soit après la date promise pour l’activation de l’article 50 (mars), et à un moment crucial des élections présidentielles françaises (23 avril et 7 mai).
Si chaque ministère a développé des plans de gestion de la sortie de l’UE, l’administration « est encore très loin d’un plan gouvernemental pour le Brexit parce qu’elle n’a aucune liste de priorité et qu’il n’existe aucun lien [entre ces projets ministériels et] une stratégie de négociation globale », selon le mémo.
Le document critique l’approche de la Première ministre et l’accuse de monopoliser les prises de décisions pour régler elle-même les questions qui se posent.
Les trois principaux ministres chargés du Brexit sont Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères et chantre du Brexit avec Nigel Farage, David Davis, ministre au Brexit, et Liam Fox, ministre au Commerce international.
Theresa May s’est rendue en Inde la semaine dernière pour des discussions commerciales liées au Brexit, qui n’ont apparemment pas abouties.
Londres à la merci des industriels
Le mémo critique également l’accord sur mesure, et en très grande partie secret, négocié entre le gouvernement et Nissan pour convaincre la marque de ne pas délocaliser sa production.
Les auteurs du document estiment en effet que le gouvernement sera à présent à la merci des industriels, qui refusent de payer les conséquences d’une sortie du marché unique.
