Alain Juppé vs François Fillon : quelles propositions pour la tech et le numérique ?

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Au second tour de l’élection de la primaire de la droite et du centre, il ne reste plus qu’Alain Juppé et François Fillon. Nous avons comparé les programmes des deux candidats sur les questions liées aux enjeux du numérique.

Quelles sont les positions des deux candidats retenus pour le second tour à la primaire de la droite et du centre en matière de numérique, de technologie ou d’économie nouvelle ? Une étude comparative des programmes mis en ligne sur leurs sites de campagne respectifs permet de dresser un panorama des thèmes les plus repris au sein de leur famille politique.

Pour chaque thème, nous avons mis en valeur le candidat le plus avancé sur la question. Comme il ne reste plus que messieurs Juppé et Fillon dans la course, nous avons mis à jour cet article pour ne conserver que leurs programmes.

Le développement des startups, thème le plus porteur

Alain Juppé propose ainsi leur développement dès le plus jeune âge, en « systématisant les interventions des acteurs du numérique en collège et lycée » et en encourageant la création de «  junior startups au lycée ». L’idée, consistant à développer le lien entre la jeunesse et les créateurs du moment, serait poursuivie à l’université par la mise en place de modules d’entrepreneuriat et un accès plus facile aux stages dans le milieu. Enfin, la suppression prévue de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) permettrait selon Alain Juppé de favoriser le développement des « business angels », ces particuliers qui investissent dans une entreprise au caractère innovant tout en l’aidant à atteindre son potentiel.

fillon-citationFrançois Fillon milite de son côté pour la création d’un «  contrat de confiance aux PME » (petites et moyennes entreprises) qui consisterait à mettre en place une quote-part d’achats publics auprès des PME mais aussi des « startups françaises du numérique ». L’ancien premier ministre suggère également d’adapter la fiscalité sur un modèle britannique : un investisseur pourrait investir jusqu’à 1,25 millions d’euros (maximum) par an, tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt de 30 % sur la somme investie. Un moyen concret de favoriser la multiplication des « business angels ». François Fillon propose par ailleurs de « mettre la France à la pointe du financement participatif » pour étendre le financement de nouveaux projets, tous domaines confondus.

Très haut débit et fracture numérique

Le plan de généralisation du très haut débit conçu par François Fillon s’appuie à la fois sur une variété de technologies (câble, cuivre modernisé, pour réduire les coûts et offrir des solutions plus rapides selon les cas) visant à assurer la neutralité technologique de ce déploiement et sur un investissement public au niveau européen qui mise sur le  « plan Juncker », pour « flécher en direction du THD une part substantielle des 300 milliards d’euros d’investissement annoncés. »

Alain Juppé propose de créer une « Autorité de suivi national avec […] État et collectivités, régulateur, opérateurs et investisseurs » pour « dynamiser le pilotage et la gouvernance du plan THD ». Il compte aussi « repenser le modèle agricole de la France » grâce à l’usage d’outils numériques qui feront gagner en productivité et diminuer les gaspillages.

La place du numérique dans l’enseignement

François Fillon s’appuie sur une idée directrice : l’autonomie accordée aux établissements scolaires, qui deviendront les seuls compétents en matière de « numérique éducatif », à la place de l’État et des collectivités territoriales. S’il est élu, l’établissement devra donc « gérer de façon autonome un budget, des moyens techniques et humains » soit son personnel, son matériel, ses ressources et ses services dans le domaine. François Fillon compte aussi mettre en place un CAPES informatique pour développer le recrutement d’enseignants en informatique de niveau master, qui l’enseigneront au collège, et initier à la « programmation, au codage et à l’algorithmique » sur le temps consacré à la technologie. Enfin, le candidat milite pour que 25 % des manuels deviennent digitaux d’ici la fin du quinquennat.

Alain Juppé propose d’introduire la programmation à l’école et d’inciter les élèves à réaliser des sites web en groupe ou encore à analyser des flux de data. En matière d’enseignement supérieur, il souligne l’urgence de former des « data scientists » et « développeurs web/cloud », particulièrement recherchés par les entreprises mais trop peu formés : il évoque un besoin actuel de 5000 à 10 000 recrutements alors que seulement 300 diplômés rejoignent le marché du travail chaque année.

Simplification administrative et réduction budgétaire

François Fillon propose une centralisation des services en ligne de l’administration et la création d’un poste de « Haut commissaire à la transformation numérique » rattaché au Premier ministre et chargé d’assurer une meilleure gouvernance du numérique. L’approche de Nathalie Kosciusko-Morizet privilégie en revanche la généralisation des circuits courts « dans tous les domaines de la vie quotidienne », sans plus de précision. L’ancienne ministre de l’écologie veut aussi faciliter le télétravail pour une organisation plus libre des citoyens et une réduction de «  l’impact carbone de chaque salarié ».

L’E-santé, des propositions encore assez rares

Alain Juppé souhaite faire de la France le leader européen dans ce domaine d’ici la fin du quinquennat, « notamment grâce aux objets connectés », sans plus de précision. Jean-François Copé misait, lui, sur l’open data pour permettre aux acteurs publics et privés d’accéder à des bases de données anonymes afin de faciliter la recherche médicale.

Cybersécurité, l’union fait la force

Alain Juppé ne manque pas d’idées pour renforcer la France dans ce domaine, notamment en recourant aux « bug bounty », des accords proposés par des programmeurs ou sites web aux utilisateurs qui s’engagent à leur signaler les failles et autres bugs repérés en échange d’une récompense. La pratique, en vigueur chez des géants du web comme Facebook et Google, permet de corriger ces bugs avant qu’ils soient connus du grand public.

Celui qui était, avant le premier tour, le favori des sondages promet par ailleurs le renforcement de la « e-police », cette cellule composée de gendarmes et de policiers, qui traite les contenus illicites signalés sur Internet. L’activité de cette équipe de 25 personnes a considérablement augmenté depuis les attentats de 2015.

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Alain Juppé veut aussi former les magistrats à la cybersécurité, mettre en place un « Pacte pour la cybersécurité » entre les entreprises et l’État, et renforcer la coopération européenne dans ce domaine notamment par la création d’une « Agence européenne de sécurité des systèmes d’information ».

L’idée d’une coopération au niveau européen est aussi défendue par François Fillon, qui propose « une coordination renforcée entre les États, les organisations régionales et le secteur privé pour prévenir et sanctionner l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes et criminelles. » Il promet aussi d’introduire dans l’enseignement supérieur des cours sur les techniques de cybersécurité et de data mining (l’exploration d’une grande quantité de données).

Propositions spécifiques

Les candidats se répandent aussi en propositions qui leur sont propres et ne relèvent donc pas d’une même thématique. On trouve toutefois des similitudes chez Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé, tous les deux favorables à la création d’une plateforme numérique citoyenne. Pour rappel, NKM s’est ralliée à Alain Juppé à l’issue du premier tour.

Alain Juppé, lui, propose de créer une plateforme d’hébergement de pétitions, auxquelles le gouvernement serait obligé de répondre si elles récoltent 100 000 signatures en 30 jours.

François Fillon s’impose pour sa part en chantre de « la lutte contre le pillage de nos industries culturelles », prêt à redonner souffle au «  rôle pédagogique » de la loi Hadopi, malgré sa mort programmée. et à poursuivre en justice les éditeurs de sites illégaux.

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