Etienne Combier
Les soutiens du favori de la primaire à droite se trouvent tant dans les rangs des politiques que des milieux économiques.
C’est la surprise que (très) peu avaient vu venir. Avec une victoire sans contestation possible (44,1 %), François Fillon s’est imposé comme grand favori pour devenir le représentant de la droite et du centre à l’élection présidentielle de 2017.
Mais avec qui pourrait-il gouverner s’il est élu en mai prochain ? Revue de détails de ses soutiens politiques comme économiques.
Plus de 70 parlementaires
François Fillon peut compter sur le soutien des parlementaires depuis plusieurs mois. Dès avril, celui qui naviguait autour des 10% dans les sondages, loin du peloton de tête, avait rassemblé 72 parlementaires derrière sa candidature. Parmi eux, quelques ténors comme Gérard Larcher, président du Sénat, Gérard Longuet, sénateur et ancien ministre de la Défense, ou encore Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale. À cette liste s’étaient ajoutés 20 anciens parlementaires, dont l’ancien secrétaire d’Etat au Commerce Hervé Novelli.
Parmi ces soutiens parlementaires, certains sont plus actifs que d’autres. Bruno Retailleau par exemple, président du groupe Les Républicains au Sénat, est monté plusieurs fois au front pour défendre son candidat, accusé de manquer de charisme. Le député LR du Val d’Oise, Jérôme Chartier, s’est également illustré par ses prises de paroles multiples.
Après le premier tour, François Fillon a reçu également d’autres soutiens politiques comme Laurent Wauquiez, le président du parti, Rachida Dati ou encore Nicolas Sarkozy, grand perdant du scrutin. Cependant, l’hypothèse d’une participation active de ce dernier dans une équipe Fillon est exclue, après ses déclarations entre 2007 et 2012 où il avait tantôt jugé François Fillon comme un « collaborateur » ou l’appelait « Mister Nobody » ou « Droopy ».
Des milieux économiques mobilisés
Mais les soutiens de François Fillon se comptent également dans les milieux économiques. Cette primaire ouverte leur permet pour la première fois de distinguer leurs soutiens entre les candidats de droite, alors que ces milieux sont traditionnellement acquis à cette partie de l’échiquier politique.
Même s’ils sont rétifs à évoquer officiellement leur poulain, un certain nombre d’entrepreneurs ont choisi François Fillon depuis plusieurs mois. Parmi eux, on compte notamment Henri de Castries, ex-PDG d’Axa et président de l’Institut Montaigne, ou encore Anne Méaux, présidente d’Image 7.
Au rang de ses amis, François Fillon peut également s’appuyer sur Patrick Pouyanné, le PDG de Total, Marc Ladreit de Lacharrière, le PDG de Fimalac (qui possède notamment Webedia, devenue récemment une licorne) ou encore Xavier Couture, numéro 2 de France télévisions.

François Fillon n’a d’ailleurs pas hésité, de même que d’autres candidats comme Alain Juppé, Nicolas Sarkozy ou Bruno Le Maire, à organiser des collectes de fonds auprès d’entreprises. Depuis janvier, il a ainsi levé 2,7 millions d’euros, dépassant en rapidité ses concurrents, qui ont reçu 3 millions d’euros en un an et demi pour Alain Juppé et 3,3 millions d’euros pour Bruno Le Maire en trois ans.
Vers un gouvernement à 50% issu de la société civile ?
Ces milieux pourraient avoir leur mot à dire dans la composition du gouvernement de François Fillon, s’il passe les trois étapes entre aujourd’hui et l’Elysée. D’autant plus que le député de Paris veut avoir 50% de ses ministres issus de la société civile. « Il m’a toujours dit qu’il voulait le faire, et aujourd’hui, il faut le prendre très sérieusement », a affirmé Bruno Retailleau ce lundi 21 novembre sur Radio Classique. « Il veut faire émerger des talents, il pense que les partis politiques manquent de légitimité et qu’il faut de nouvelles têtes venant de la société civile », a-t-il ajouté.
Plus largement, la question du soutien des milieux économiques derrière des candidats aujourd’hui déchus, comme Nicolas Sarkozy, est ouverte. « Très bon programme mais aucun charisme », jugeait l’un de leur représentant avant le premier tour. En cas de victoire à la primaire cependant, ce constat pourrait fortement évoluer.
