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Alain Juppé, François Fillon, Nicolas Sarkozy, primaire de la droite
Philippe Bilger
François Fillon a dominé le premier tour de la primaire LR. On sentait que ce candidat avait effectué dans les dernières semaines une remontée fulgurante mais personne, à part lui sans doute et ses soutiens les plus proches, n’imaginait une victoire aussi éclatante, le 20 novembre, avec probablement son succès définitif le 27 novembre.
Je n’aurai pas le ridicule de laisser croire que j’avais tout prévu alors que ce n’était pas le cas. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la dignité, l’exigence de morale publique, l’intégrité ont été des facteurs essentiels qui ont assuré l’ampleur de l’avance de François Fillon.
D’autant plus que Nicolas Sarkozy, acceptant sa défaite puisqu’il a été également devancé par Alain Juppé (AJ), a appelé à voter pour son ancien Premier ministre. Le discours de l’ancien président a été digne et aussi émouvant. Cette fois il a annoncé son départ et j’ose espérer que sa résolution sera définitive (France 2).
Alain Juppé, même qualifié pour le second tour, doit être déçu par l’écart substantiel entre le vainqueur et lui-même. L’empoignade à venir ne sera pas simple pour lui (Sud Radio).
Jean-François Copé qui a été talentueux a pâti de ce qui apparaissait comme un exclusif ressentiment à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
NKM dépasse Bruno Le Maire de peu. Cette surprise concrétise une campagne et des prestations qui de la part de la seule femme de la compétition ont été excellentes. Avec classe elle confirme son soutien à Alain Juppé.
Dans un billet récent, « Tout sauf Sarkozy : une espérance, une angoisse », j’avais pointé les raisons qui nous laissaient assez insatisfaits à la suite des prestations d’AJ dans les joutes médiatiques. Je percevais que son attitude en surplomb, sans véritable engagement dans la mêlée pluraliste, son propos laconique, moqueur, jamais assez explicatif, sa posture présidentielle anticipée n’étaient pas de nature à lui attirer les suffrages que son intelligence et son expérience auraient mérité. Le problème des entourages est qu’ils se croient irremplaçables et que jamais ils n’osent dire à leur champion ce qui techniquement ne va pas et peut être connu et analysé.
Il est clair qu’Alain Juppé a perdu là où François Fillon a, au contraire, rattrapé son retard et pris le large. Moins une affaire de politique qu’une attitude personnelle, intellectuelle et médiatique.
Mais je ne bouderai pas mon plaisir civique de ce soir.
Tout sauf Sarko : c’est fait.
Une espérance, une angoisse ?
Il n’y a plus que de l’espérance.