Réfugiés : la Turquie menace d’ouvrir les frontières vers l’Europe

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Adrien Lelievre

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Le torchon brûle entre Bruxelles et Ankara. – AFP

Le Parlement européen a voté jeudi une résolution non contraignante préconisant le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Arrêtez le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne (UE) et je laisse les réfugiés gagner le Vieux Continent. C’est, en substance, le message lancé vendredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan à ses partenaires européens lors d’un discours à Istanbul.

Cet avertissement intervient au lendemain du vote d’une résolution du Parlement européen invitant « la Commission (européenne) et les États membres à entamer un gel temporaire des négociations d’adhésion en cours avec la Turquie ».

Une réponse à la purge

Cette résolution – non contraignante – était soutenue par les quatre principaux groupes parlementaires (conservateurs, socialistes, libéraux et Verts). Elle a été approuvée par 479 voix pour, 37 contre et 107 abstentions. Il s’agissait pour le Parlement européen de condamner la purge « disproportionnée » engagée par l’homme fort de la Turquie depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet.

Au moins 130.000 fonctionnaires ont été arrêtés, licenciés ou suspendus depuis ce putsch attribué par l’exécutif turc au prédicateur religieux Fethullah Gülen, qui nie toute implication. Plusieurs médias ont été fermés. Onze députés du parti d’opposition kurde HDP ont été arrêtés. La purge touche également les milieux économiques.

Recep Tayyip Erdogan avait averti avant le vote que celui-ci n’aurait « aucune valeur ». Il est allé plus loin vendredi en déclarant que la « porte des frontières sera ouverte » aux réfugiés en cas de gel définitif des négociations d’adhésion. « Menacer » l’accord entre l’UE et la Turquie « n’avance à rien », a réagi immédiatement la porte-parole de la chancelière Angela Merkel.

La crise des réfugiés en toile de fond

La Turquie accueille plus de trois millions de réfugiés , dont 2,7 millions de Syriens. En mars, elle a signé un accord controversé avec l’Union européenne pour réduire les flux de migrants vers le Vieux Continent.

Cet accord prévoit le renvoi vers la Turquie des réfugiés arrivant de manière irrégulière sur les îles grecques. En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Anatolie, l’Union européenne accepte d’en réinstaller un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72.000 places. Depuis l’entrée en vigueur de cet accord, les arrivées en Grèce ont nettement ralenti. Mais la crise n’est pas entièrement résolue. Aussi les associations de défense de droits de l’homme continuent-elles de dénoncer un « accord honteux. »

Pour s’acquitter de son rôle de cerbère de l’Europe, la Turquie recevra 6 milliards d’euros d’ici à 2018 de la part de Bruxelles. Une juste somme au regard de l’effort consenti, estime-t-on à Ankara.

Malgré cette nouvelle escalade verbale, le dialogue entre Ankara et Bruxelles n’est pas rompu. Dans la résolution votée jeudi, le Parlement européen rappelle son engagement à maintenir l’ancrage de la Turquie à l’Union européenne. Il s’engage en outre à « revoir sa position une fois que les mesures disproportionnées prises dans le cadre de l’état d’urgence (en Turquie, ndlr) auront été levées ».

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