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Ils sont les grands oubliés d’une guerre qui pourrit dans l’ombre du conflit syrien. Selon l’ONU, plus d’un demi-million d’Afghans ont fui depuis le début de l’année les combats qui déchirent talibans, groupes insurgés, forces armées et combattants du groupe État islamique. Comme des centaines de milliers d’autres migrants, des réfugiés afghans, surtout des hommes, tentent le tout pour le tout pour gagner l’Europe à pied, espérant s’y forger une nouvelle vie. Le photojournaliste David Champagne a saisi le quotidien de centaines de ces exilés afghans, pakistanais, mais aussi bangladeshi, dont le parcours clandestin amorcé il y a plusieurs mois s’est pour plusieurs arrêté aux portes de la Serbie.
  Par Isabelle Paré

1. Plus de 6400 exilés afghans, pakistanais et d’autres pays ont trouvé refuge en Serbie. Du nombre, près de 1000 survivent dans des conditions de fortune, notamment dans ces entrepôts abandonnés de Belgrade, près de la gare centrale. À deux jets de pierres, des grues érigent le Belgrade Waterfront, un luxueux complexe immobilier financé par un promoteur des Émirats arabes unis. David Champagne

2. Même si le gouvernement serbe interdit la distribution de repas chauds aux réfugiés, il semble la tolérer par l’intermédiaire d’un organisme humanitaire international dans une cour située derrière les entrepôts désertés de la gare. David Champagne

3. Chaque jour, des hommes, et même de jeunes adolescents, font la file pour se nourrir. Majoritairement originaires d’Afghanistan, mais aussi du Pakistan ou du Bangladesh, ils ont tous fui leur pays pour échapper à la guerre et pour trouver une vie meilleure dans l’un des pays riches de la communauté européenne. David Champagne

4. Une quarantaine d’hommes s’entassent dans ce vieil entrepôt non chauffé, converti en abri de fortune par des réfugiés. Il existe onze centres officiels pour les réfugiés gérés par le gouvernement serbe, mais la majorité d’entre eux refusent de s’y rendre, par crainte d’être déportés. David Champagne

5. La lumière du jour perce à travers la fumée opaque que dégagent des feux allumés par les réfugiés pour se tenir au chaud dans les entrepôts. Chacun tente de s’inventer un espace vital dans ces grandes salles séparées avec les moyens du bord. David Champagne

6. Venu du Pakistan, cet homme a fait d’un recoin de cet entrepôt son gîte du moment. David Champagne

7. À Belgrade, l’arrivée de l’hiver se fait sentir, et le thermomètre a plongé sous zéro. Entassés sur des cartons, plusieurs réfugiés passent la journée allongés sous de multiples couvertures pour se tenir au chaud en attendant de pouvoir franchir une frontière. David Champagne

8. Privés du strict nécessaire pour se prémunir contre le froid, plusieurs réfugiés se déplacent en sandales ou dans des chaussures trempées, après une semaine de forte pluie. David Champagne

9. Combattre le froid et amasser de quoi tenir les flammes en vie est un défi quotidien pour ces réfugiés qui tentent de se garder au chaud. David Champagne

10. Rassemblés autour d’un feu, ces Afghans essaient de garder le moral et de sécher leurs vêtements avec des moyens de fortune. David Champagne

11. Il y a déjà quatre mois que ce réfugié bangladais a quitté son pays pour gagner l’Europe dans l’espoir d’accéder à une vie meilleure. David Champagne

12. Dans ces bâtiments privés de latrines et de douches, des milliers de réfugiés vivent dans des conditions hygiéniques lamentables. David Champagne

13. Parti d’Afghanistan, ce jeune homme espère pouvoir un jour gagner le nord de l’Europe. Pour plusieurs, refoulés vers les pays limitrophes comme la Macédoine, la Hongrie et la Croatie, le périple se termine abruptement. David Champagne

14. Des réfugiés afghans sont de retour dans leur abri, après avoir acheté du pain au centre-ville de Belgrade. Le 9 novembre, la police serbe a investi les lieux pour refouler ces hommes dans des refuges officiels. Plusieurs ont pris la fuite par crainte d’être refoulés vers la Bulgarie. David Champagne

15. Dans la pénombre, les hommes vivent tapis sous leur couverture, alors que la morsure du froid se fait chaque jour un peu plus vive. David Champagne

16. Quelques planches ont été glanées çà et là par des réfugiés pakistanais pour cuisiner un frugal repas. David Champagne

17. Ce jeune garçon brûle un carton dans l’espoir de prolonger les moments de chaleur que lui procure ce feu momentané. David Champagne

18. Une seule entrée d’eau froide, située au fond d’un des entrepôts décrépis, permet aux réfugiés de se laver à l’eau froide, souvent à l’extérieur. Certains parviennent à chauffer de petites quantités pour faire leur toilette. David Champagne

19. Tous ces hommes en quête d’une autre vie partagent des histoires similaires. Faisal, 23 ans, a quitté l’Afghanistan il y a quatre mois et demi grâce aux 6000 dollars prêtés par sa famille et des voisins. Il doit à tout prix atteindre son but pour rembourser cette énorme dette, qu’il lui sera impossible d’effacer s’il est refoulé dans son pays d’origine, où le salaire annuel moyen ne dépasse pas 630 $US. David Champagne

20. Avant de rejoindre Belgrade, le périple de Faisal, parsemé d’embûches, l’a mené du Pakistan à l’Iran, puis de la Turquie à la Bulgarie, où il a été emprisonné et battu par la police. Les histoires de maltraitance et de détention de la part de policiers bulgares sont monnaie courante. Faisal a échoué deux fois à traverser à pied les frontières de Croatie et de Hongrie. Il espère toujours rejoindre la France, où un oncle doit l’accueillir.