Les transfuges sanctionnés

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L’espoir de certains hommes de droite de réussir mieux en se mettant du côté de la gauche dans les questions sociétales ne paye pas.

 
Roland Hureaux, Essayiste
  Un résultat de la primaire de la droite et du centre passé inaperçu est que les deux candidats qui s’étaient abstenus lors du vote de la loi Taubira (Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire) ont obtenu respectivement 2,4 % et 2,4 % des suffrages, soit 5 % au total, ce qui n’est pas beaucoup.

Ils avaient cru que c’était là un choix habile : un vote moderne seul à même de préserver leur avenir, un vote qui plairait aux médias. Et, effectivement, ces deux-là ont eu leur heure de gloire : l’univers médiatique les a chouchoutés, multipliant les invitations sur les plateaux. Mais ça n’a pas suffi pour attirer les électeurs de la primaire.

Une fois de plus, ce vote montre que l’espoir de certains hommes de droite de réussir mieux en se mettant du côté de la gauche dans les questions sociétales ne paye pas. Il y avait eu, aux municipales, Fabienne Keller à Strasbourg qui, elle, avait voté carrément pour la loi, et déjà NKM à Paris (qui aurait dû gagner) aux régionales, Dominique Reynié (qui, aujourd’hui, tente de corriger le tir). Nicolas Sarkozy savait-il qu’il signait son arrêt de mort en revenant sur ses promesses d’abroger la loi ?
À l’inverse, le succès de François Fillon n’est pas étranger au fait que Sens commun, l’aile politique de la Manif pour tous, ait choisi de le soutenir alors même que ce choix avait été vivement contesté dans ce milieu.

Cela veut-il dire que la masse des électeurs de droite se détermine sur les choix sociétaux ? Non, évidemment, c’est plus subtil que ça et nous ne prétendons même pas comprendre entièrement le mécanisme à l’œuvre. Seules de petites minorités se sentent concernées par ces questions, mais ces minorités sont très motivées pour soutenir leur candidat et, surtout, pour « savonner la planche » à ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Elles sont, en outre, insérées dans des réseaux associatifs où, comme on dit, « ça cause » : au fur et à mesure que la gauche, découragée, délaisse le militantisme associatif, ce qui reste de catholiques (et pas seulement eux) s’y investit.

Mais il y a autre chose : un effet de légitimation pour ceux qui collent aux fondamentaux de leur camp, y compris sur les points les plus difficiles, une délégitimation au contraire pour ceux qui s’en s’éloignent. Cette posture est aussi un témoignage de caractère. Quand un homme de droite se dit, dans le contexte actuel, favorable à la loi Taubira, personne ne pensera qu’il est quelqu’un de courageux qui n’hésite pas à « briser les tabous ». Tout le monde y verra, au contraire, une lâcheté, un acte d’allégeance au courant dominant, en particulier dans les médias.C’est dire que dans les bagarres qui s’annoncent, les candidats de droite ont intérêt, contrairement à ce que leur diront leurs conseillers en communication, à ne pas tourner le dos aux revendications de la Manif pour tous (la plus importante manifestation recensée qu’il y ait jamais eu, rappelons-le). Pour cela, ils devront, face aux puissantes sirènes du conformisme, faire preuve de détermination. François Fillon n’a promis que peu : une réécriture de la loi Taubira, mais il devra donner un contenu précis et significatif à cette réécriture, en sus de l’évidente nécessité d’interdire GPA et PMA pour couples homosexuels.

Au Front national, la tension est forte ; la ligne Philippot est de ne toucher à rien pour ce qui est du sociétal, c’est-à-dire de laisser, historiquement, le dernier mot à la gauche. Là aussi, quelles que soient les convictions des uns et des autres, cela sera ressenti comme un renoncement et, donc, entraînera une perte de légitimité.

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