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Cécile Maillard
Obtenir un meilleur salaire, même dans le contexte défavorable actuel, c’est possible. Pour les filles… mieux vaut toujours changer de sexe ! Pour tous, il faut bien choisir son secteur, sa région, son activité et opter, si possible pour un double diplôme.
© UNLa rémunération des ingénieurs a peu progressé entre 2014 et 2015. Selon l’enquête annuelle d’Ingénieurs et scientifiques de France, le salaire médian était de 56 000?euros (brut annuel) fin 2015, contre 55 900 l’année précédente. Ce qui en fait tout de même l’un des métiers « cadres » les mieux payés. Plus récent, le baromètre Expectra montre une progression de 1,8 % des salaires des ingénieurs entre 2015 et 2016, modeste, mais la plus importante depuis quatre ans.
Dans ce contexte de faible progression salariale, comment obtenir une meilleure rémunération ? Certains ingénieurs restent mieux payés que d’autres. Un jeune ingénieur a tout intérêt à décrocher un double diplôme, financièrement valorisé, surtout s’il valide des compétences en management ou est obtenu à l’étranger. Autre stratégie payante : la mobilité géographique. Les salaires en Ile-de-France, où le chômage des ingénieurs est de 2,4 %, sont supérieurs de 29 % à ceux de Bretagne. Changer de région permet aussi, parfois, de changer de secteur. Or les salaires doublent entre les sociétés d’ingénierie et les industries extractives. Enfin, de superbes opportunités d’évolution professionnelle se profilent avec le passage progressif à l’usine du futur.
Les femmes, toujours moins payées que les hommes, peuvent entrevoir une lueur d’espoir. Elles sont de plus en plus nombreuses à sortir des écoles d’ingénieurs (29 % des diplômés l’an passé). Si elles choisissent enfin d’autres spécialités que les moins rémunérées, peut-être réussiront-elles à rattraper leur retard.
1 – Bien choisir sa région
Le salaire médian varie beaucoup en fonction de la région dans laquelle l’ingénieur travaille. C’est en Bretagne qu’il descend le plus bas (48 100 euros annuels bruts, le seul salaire en dessous de 50 000 euros) et en Ile-de-France qu’il grimpe le plus haut (62 000 euros). La Bretagne est la région qui compte la plus grande part d’ingénieurs travaillant dans la fonction publique (21 %) et la plus faible dans l’industrie et le BTP (35 %). Ceci explique peut-être cela… À l’inverse, c’est en Ile-de-France que la présence des ingénieurs dans le tertiaire est la plus élevée (28 %). À elle seule, la région capitale accueille 41 % des ingénieurs français. La deuxième région où le salaire médian est le plus élevé est Provence-Alpes-Côte d’Azur (55 000 euros, largement en dessous de l’Ile-de-France). Derrière, quatre régions proposent des salaires quasi identiques. Un quart des ingénieurs formés dans une école de province travaille en région parisienne. Un choix payant…
2 – Se former au management
Comme chaque année, les hommes fraîchement diplômés d’une école de management sont mieux payés que tous les autres jeunes diplômés, tandis que les femmes sortant d’une école d’ingénieurs touchent les salaires les plus bas… Inexorablement, aussi, une école de management offre de meilleurs salaires que celle d’ingénieurs, alors que ses jeunes diplômés sont moins souvent cadres. Le président d’Ingénieurs et scientifiques de France, François Lureau, plaide pour que les entreprises fassent des efforts pour rapprocher les salaires des deux catégories de jeunes diplômés, si elles veulent vraiment susciter les vocations scientifiques dont elles disent avoir besoin. Reste que les salaires sont confortables, pour de premiers salaires. Et ils augmentent rapidement : un an après l’obtention de leur diplôme, les ingénieurs et managers diplômés en 2014 ont tous connu des augmentations salariales. Mais les retards des femmes n’ont pas été rattrapés.
3 – Opter pour un double diplôme
Un ingénieur sur trois est titulaire d’un autre diplôme (de niveau bac+5 ou plus). Le décrocher à l’étranger ou dans une école de management promet une évolution salariale plus rapide et plus forte. Les Polytechniciens, par les écoles d’application suivies à la sortie de l’X, représentent 23 % des doubles diplômes. Il n’y a pas que l’argent dans la vie… Les thèses ne sont pas valorisées financièrement, puisque le salaire de leurs titulaires docteurs est équivalent à celui des ingénieurs sans double diplôme. Mais ce sont les diplômes qui apportent la plus grande satisfaction professionnelle, suivis de ceux en sciences humaines (dont les salaires sont carrément inférieurs à ceux des ingénieurs sans double diplôme). Logiquement, ce sont les étudiants ayant décroché un diplôme en management qui exercent le plus de responsabilités hiérarchiques.