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Arabie Saoudite, djihadistes, Financement, Islam, Qatar, Thomas Guénolé
Entre haine et paranoïa, la société française se fait de sa minorité musulmane et de l’islam français une représentation collective délirante, c’est-à-dire déconnectée de la réalité. C’est ce que Thomas Guénolé appelle l’islamopsychose. Il s’attelle, dans ce livre, à pointer les erreurs et à déconstruire les préjugés assénés sur ces sujets par Manuel Valls, Gilles Kepel, Éric Zemmour et bien d’autres. Extrait d' »Islamo-psychose » de Thomas Guénolé:

Ainsi, le 8 octobre 2012, dans l’émission « C dans l’air », sur France 5, Louis Caprioli, ancien sous-directeur de la lutte contre le terrorisme à la DST (Direction de la surveillance du territoire, aujourd’hui Direction générale de la sécurité intérieure – DGSI), déclarait : « Des Français vont en Tunisie s’entraîner dans des camps jihadistes tunisiens financés par le Qatar, ou en Libye, notamment dans la région de Derna, où des gens s’entraînent avant d’aller faire le jihad en Syrie. » Le même jour, dans un entretien à La Dépêche du Midi, Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, évoquait « le problème de l’argent qui est alloué par des pays salafistes ».
Le 4 mars 2014, David Cohen, sous-ministre étatsunien des Finances pour le terrorisme et le renseignement financier, affirmait publiquement que le Qatar et le Koweït laissent opérer sur leur territoire les collecteurs de fonds du terrorisme. Le 30 septembre 2014, la revue de référence Foreign Policy révélait que, en Syrie, le Qatar a directement financé les combattants jihadistes parmi les plus radicaux jusqu’en 2013 – un financement qu’il sous-traite depuis, mais qui se poursuit151. De surcroît, sur les 35 millions d’euros de financement du terrorisme interceptés de 2010 à 2015 par la Cellule belge de traitement des informations financières, l’émirat du Qatar arrive en tête des pays d’origine152. À ce mécénat macabre s’ajoute l’attitude du régime autoritaire du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui s’est souvent comporté en allié objectif de l’organisation État islamique, notamment en faisant de la Turquie un débouché privilégié pour son pétrole153.
En somme, on peut imaginer que les cadres dirigeants de l’organisation État islamique ont choisi l’islamisme et l’intégrisme entre autres motifs pour bénéficier de ces mécénats, comme jadis diverses organisations armées avaient choisi le marxisme-léninisme pour obtenir le soutien financier de feue l’Union soviétique.