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chiffres du scrutin, primaire à gauche, PS, Taux de participation
Le Parti socialiste se perd en explications sur le taux de participation. Quelques calculs simples prouvent bien qu’il y a eu une manipulation de ces chiffres, ce qui jette un voile sur la sincérité du vote.
Par Samuel Laurent
C’est le chiffre magique qui montre bien comment la Haute autorité de la primaire a gonflé le nombre de participants du premier tour, dimanche 22 janvier. Il est assez facile à établir :
Voici une capture d’écran des résultats tels qu’ils apparaissaient sur le site de la primaire, dimanche, à 0 h 45 :
Et voici ceux que donne le même site ce matin :

On le voit, les pourcentages restent quasi identiques (à 0,1 point près pour Sylvia Pinel), mais le nombre de voix n’est plus le même : précisément, il y en 352 013 de plus.
Un rajout de 28 % pour chaque candidat
Comment est-il possible d’augmenter le nombre de voix sans modifier la répartition de celles-ci ? C’est toute la question. Nous avons calculé rapidement combien chaque candidat a gagné de voix :
Mais si on fait le même graphique en valeur relative, c’est-à-dire en pourcentage, voici ce qu’on obtient :
En clair, les 352 013 voix se sont réparties à quasi-égalité (à quelques décimales près) entre chaque candidat, ne modifiant donc qu’à l’extrême marge les résultats constatés à 21 heures. Ce qui serait, sinon impossible, du moins très fortement improbable naturellement.
Alors d’où vient le problème ? Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire, interrogé par Libération, parle d’un « bug » :
« Il y a eu un bug, rien de plus. Et c’est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation. J’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. »
Selon l’explication de M. Borgel, les organisateurs se sont donc contentés de prendre le nouveau score de votants avec les 352 013 voix supplémentaires, de calculer que cela représentait une progression de 28 %, et de l’appliquer à chaque candidat. Ce qui revient à reconnaître que ces chiffres ont bien été manipulés.
Gonflage de chiffres, hasard statistique, ou incompétence ?
Mais cette explication peut-elle suffire ? En réalité, il y a trois possibilités :
- Première hypothèse : Le Parti socialiste (PS) a donc ajouté 352 013 voix entre minuit et 10 heures du matin, c’est établi. Mais ces voix existent-elles réellement ? Si oui, cela signifie qu’à minuit, le PS n’avait à sa disposition qu’un total de voix, et que donc, il restait donc 352 013 bulletins non dépouillés. Et puisque l’ajout a été uniforme, cela signifierait qu’elles ne le sont toujours pas.
- Deuxième hypothèse : les voix ont été décomptées, et par un miracle statistique de l’ordre d’une chance sur mille, elles se sont réparties presque exactement comme les précédentes en ne modifiant en rien les scores de chacun. Peu probable.
- Dernière hypothèse, la plus probable selon nous : ces voix n’existent pas, c’est un ajout artificiel pour gonfler la participation. Mais dans ce cas, pourquoi l’avoir fait entre minuit et 10 heures du matin, alors que l’attention médiatique n’était plus dans les chiffres de participation mais sur le résultat ?
Et surtout, peut-on, en l’absence d’un résultat clair et vérifié, faire confiance aux scores annoncés ? La question peut se poser.


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