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Pour le moment, et autant qu’on puisse en juger, Donald Trump paraît camper sur l’option seconde. La preuve en est qu’au lieu de tenter de s’attirer les bonnes grâces des médias dominants – exercice tenant de la haute voltige, en son cas –, il préfère tout bonnement les prendre bille en tête et en pleine face.
Au cœur du débat qui agite la sphère médiatique depuis ce week-end : les photos et les estimations de la foule rassemblée pour l’investiture du quarante-cinquième président. Il y aurait eu moins de monde que pour celle de Barack Obama – plausible et pas plus étonnant que ça. Il n’empêche que les clichés incriminés nous montrent, selon les sources, la pelouse du National Mall, bondée de monde, aussi dépeuplée que le cerveau d’un rappeur, ou alors dans l’entre-deux.
Mais, aux USA, il n’existe pas, comme chez nous, l’équivalent d’une préfecture de police chargée de comptabiliser les manifestants, que ce soit au doigt mouillé ou sous les injonctions plus ou moins fermes du pouvoir en place.
Alors, manip’ ou pas ? La plus plausible des hypothèses consiste à imaginer que les images en question n’avaient pas besoin d’être retouchées à la palette informatique : il suffisait juste de les prendre en début de rassemblement (peu ou pas de monde), au milieu (pas mal de monde), ou encore à la fin (un putain de monde). Pas vraiment de quoi refaire le monde, donc…Et c’est là que le bulldozer Trump entre en marche. Kellyanne Conway, l’une de ses proches conseillères, affirme donc sur NBC : « Vous pouvez vous moquer autant que vous voulez, je pense que cela symbolise la façon dont nous sommes traités par la presse ! » Dans le même temps, la Maison-Blanche assène son message : « Nous suivrons deux règles simples : acheter américain et embaucher américain… » C’est proféré de manière abrupte, mais ça veut dire ce que cela veut dire. Et s’il n’y a pas de flou, c’est qu’il n’y a pas de loup, comme aurait pu ajouter Martine Aubry, celle qui murmure à l’oreille des éléphants du Parti socialiste.
C’est dire si l’affaire n’est pas neuve. En revanche, ce qui relève de l’inédit, pour le tout nouveau chef d’État de la première puissance militaire du monde, c’est qu’il puisse poser son séant sur les arbitres des élégances médiatiques comme on le ferait d’un coussin péteur.
Voilà qui laisse de l’espoir pour ce qui pourrait bientôt advenir en France.