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Le Modem aurait-il employé ses assistants parlementaires européens au siège parisien du parti ? C’est ce qu’affirmait Corinne Lepage dans un livre paru en 2015. Maintenant que l’écologiste se retrouve dans la même équipe que les membres du parti de François Bayrou, force est de constater que ces accusations passées sont beaucoup plus gênantes pour Emmanuel Macron et ses nouveaux soutiens…

La redécouverte de quelques lignes oubliées a provoqué une avalanche de réactions dans la matinée du 28 février. Sur Twitter, un court extrait du livre de Corinne Lepage, Les Mains Sales (2015) est partagé par des centaines de personnes.
« Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen. »
Contactée pour connaître son avis, Corinne Lepage a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire et s’est contentée de rappeler que le livre a reçu le Prix du Livre Politique du Barreau de Paris en 2015.
Si la plupart des députés Modem de l’époque n’ont pas répondu à nos appels, Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, a en revanche tenu à s’exprimer. « Tout ce que [Corinne Lepage] a dit est faux », s’étonnant de voir resurgir cette affaire en 2017 et indiquant l’avoir déjà commentée en 2015 dans un communiqué (que nous avons par ailleurs cherché sans succès). Pour elle, il s’agirait d’une rumeur aux motifs troubles « Ce qui est intéressant, c’est de voir que tout cela semble venir d’un milieu composé de soutiens de François Fillon […] Je n’ai jamais vu ça, c’est le degré zéro de la politique ! »
Jean-François Kahn, ancien rédacteur en chef de Marianne et ancien élu Modem -avant de se désister- en 2009 dit ne pas avoir eu connaissance ni de tels agissements, ni d’une telle demande de la part de la formation centriste. Il exprime d’ailleurs son étonnement : lors de ses différentes rencontres avec les parlementaires européens du Modem, ceux-ci étaient bel et bien accompagnés d’assistants, et donc non consacrés aux activités nationales du parti. Faut-il encore rappeler qu’il est prévu pour les députés européens une enveloppe de 21 209 euros, à répartir entre trois assistants au maximum par élu.
Nicolas Hervieu, juriste en droit public et européen affirme que si l’affaire était avérée, il s’agirait de fait d’un cas en tout point similaire à celui qui touche Marine Le Pen aujourd’hui. Comme pour la présidente du Front National, l’affaire serait entre les mains de l’Office européen de la lutte contre la fraude, qui a le pouvoir de sanctionner financièrement et disciplinairement mais non pénalement. Passer au pénal demanderaient des éléments plus précis (par exemple l’usage de faux) et serait alors du ressort du Parquet national financier, également impliqué dans l’enquête sur les emplois présumés fictifs des membres de la famille Fillon.