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Par Alexis Brézet,
Ainsi donc, pour complaire aux juges, aux journalistes et à ses adversaires politiques, qui déjà s’en pourléchaient les babines, François Fillon, nous dit-on, aurait dû lâcher la rampe au motif qu’il sera (peut-être) mis en examen! Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a au contraire contre-attaqué crânement en portant l’affaire devant l’arbitre suprême des sociétés démocratiques: le suffrage populaire.
Il a eu raison. Céder aux injonctions du «dégagisme» judiciaire, outre qu’on voit mal le bénéfice électoral que son camp en aurait tiré (aucun «plan B» n’offre aujourd’hui la garantie de faire mieux que Fillon), eût été entériner un déni de justice autant qu’un déni de démocratie.
Certes, Fillon a affirmé que dans un tel cas de figure il renoncerait. Il a eu tort: le principe constitutionnel de présomption d’innocence aurait dû l’en dissuader. Imaginons en effet qu’à l’issue de la procédure, dont l’emballement ne doit rien au hasard, sa culpabilité ne soit pas établie. Le préjudice serait alors irréparable, non seulement pour lui mais aussi pour ces millions de Français de la droite et du centre qui, amplement informés des faits qui lui sont reprochés, ont décidé de lui maintenir leur confiance. Élection confisquée.
Bien sûr, les hommes politiques ne sont pas au-dessus de la justice, mais les juges ne sont pas non plus au-dessus de la démocratie. Rappelons que c’est au nom du peuple français que la justice est rendue. L’autorité judiciaire, qui tire sa légitimité de la souveraineté populaire, ne saurait en suspendre ni en fausser l’expression: c’est ce qui fonde, en période électorale, la sage coutume de la «trêve judiciaire», que le garde des Sceaux, dans une intervention ahurissante, a publiquement demandé aux juges d’ignorer.
De deux choses l’une, désormais. Soit François Fillon est battu à la présidentielle, et la justice dans deux mois poursuivra son chemin ; soit il est élu et les Français auront manifesté par leur vote que la faute morale qu’il a confessée pèse moins à leurs yeux que l’idée qu’ils se font de l’intérêt du pays. Le cours de la justice en sera suspendu le temps de son mandat, mais le peuple souverain aura librement parlé. Aucun coup de force des juges ne saurait lui retirer ce droit.