Étiquettes
destruction, disloquation, Droite, Front National, Les républicains, LR, Marion Marécha Le Pen, Patrick Buisson, Philippe de Villiers
Entre tentation macroniste au centre et ligne buisson à droite, la défaite de François Fillon pourrait faire exploser les Républicains et offrir une belle opportunité au Front National.

Jean Petaux
Quelles pourraient être les conséquences, pour la droite, d’une victoire du candidat Emmanuel Macron à la présidentielle 2017 ? Faut il présager d’une possible union de la droite et du Front national ?
Jean Petaux : Une victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 suppose, c’est une évidence, qu’avant même le jour du second tour, une partie de l’électorat de la droite et du centre vote en sa faveur le jour du second tour. D’une certaine façon ce partage des voix à droite en trois blocs (une partie de l’électorat de droite voudra voter Le Pen ; une autre partie choisira de voter Macron ; une troisième se réfugiera dans l’abstention ou le vote blanc). Donc avant même de parler de vote en faveur de Macron on peut estimer que l’électorat de droite est destiné à être fractionné de manière importante.
En supposant que cette victoire provoque une fracture de la droite, quels seraient les reports et alliances envisageables en fonction des différents courants et personnalités qui la composent ? Les courants d’une droite plus « autoritaire, conservatrice, et moins ouverte » auront ils simplement le choix d’une telle alliance, dans l’optique d’une prise du pouvoir ?
La droite républicaine est totalement sonnée aujourd’hui par l’épisode Fillon. Ecartelée entre les irréductibles soutiens à l’ancien premier ministre qui se représentent déjà comme les premiers chrétiens jetés en martyrs au Cirque de Rome et les plus lucides, les plus sérieux, les plus responsables qui ne veulent pas sombrer avec le « capitaine » qui a décidé de prendre tout le monde en otage en guise de stratégie de défense, la droite républicaine est en train de constater, médusée, qu’une victoire qui lui était acquise est, peut-être, en train de se transformer en Bérézina. A partir de là tout est possible. Celles et ceux qui auront soutenu Fillon jusqu’au bout, contre toute logique, contre toute lecture politique de la situation, qui s’autoproclament les « Résistants de 2017 » ne vont avoir qu’un souci en tête après leur éventuelle déroute du premier tour, le 23 avril prochain : se venger ! Pas de Marine Le Pen même si elle peut, potentiellement, être la grande vainqueur du premier tour. Ce noyau dur de l’électorat Fillon voudra punir le candidat qui aura battu Fillon pour la qualification au second tour.
Et dans cette configuration on peut concevoir que les reports de voix vers Marine Le Pen seront nombreux et relativement forts. A fortiori si Emmanuel Macron est le « vainqueur » du 1er tour, on peut considérer qu’il va concentrer contre lui nombre de critiques, de jalousies, d’incompréhensions, toutes « qualités » propices à un vote Le Pen.
Dans une interview donnée le 26 février dernier à Atlantico, Marion Maréchal Le Pen a pu déclarer « Je suis convaincue que l’offre gagnante dans ce pays correspond plus ou moins à l’alchimie réalisée par Nicolas Sarkozy en 2007 ».Alors que certaines personnalités comme Patrick Buisson ou Philippe De Villiers semblent se rapprocher toujours plus du Front national, faut il y voir les prémices de la rupture du « cordon sanitaire » ?
En fait ce qui va être le principal ressort d’une partie des comportements des électeurs, adhérents ou sympathisants de la droite républicaine, ce sera l’opportunisme.