Alors que l’UDI de Jean-Christophe Lagarde s’est illustrée par une étrange volte-face, Jean-Christophe Fromantin a tenu à assurer à la droite qu’elle avait encore un important soutien au centre.

Les différents sondages réalisés à la suite de l’affaire des emplois présumés fictifs de François Fillon montrent que si le noyau dur de la droite reste fidèle à son candidat, les défections viennent plutôt du côté des électeurs du centre-droit. Comment selon vous François Fillon devrait s’adresser à eux pour les reconquérir ?
Jean-Christophe Fromantin : Au-delà des électeurs de telle ou telle tendance, il me semble que la reconquête de François Fillon se fera d’abord en s’adressant aux Français et en multipliant les initiatives sur le terrain. Car je ne suis pas sûr que les défections dont vous parlez soient plus celles des Français de centre-droit que de tous ceux qui réagissent à l’actualité récente. Ces défections sont davantage celles de quelques ténors l’UDI qui montrent par leurs tergiversations, leur opportunisme et les limites de leur loyauté vis-à-vis du candidat Fillon.
Quels points de son programme, de sa personnalité ou de son projet pourraient constituer des avantages par rapport à Emmanuel Macron par exemple ?
Sur le programme j’en citerai trois : une volonté clairement affichée de s’attaquer à la dépense publique sur un niveau d’économie plus important mais avec une trajectoire plus réaliste ; le projet de passer avec les collectivités locales d’une logique de d’abondement à une logique de contrat pour leur donner davantage de marges de manœuvre dans la conduite des politiques publiques ; un positionnement très clair pour l’Europe sur les enjeux de défense afin d’ouvrir une nouvelle séquence de convergence. Sur la personnalité il y a une différence très claire en termes d’autorité personnelle et de capacité à faire face aux difficultés à venir. Je pense plus particulièrement au contexte géopolitique qui exigera de notre futur Président de la République une expérience et une force de caractère à la hauteur d’interlocuteurs à fort tempérament comme Trump, Poutine ou Erdogan. Et, au-delà de ce que l’on peut penser des affaires en cours, la résistance dont il a fait preuve ces deniers jours démontre une personnalité solide et constante.
Bien que le nombre d’électeurs sûrs de voter pour Emmanuel Macron soit en augmentation, il demeure plus faible que celui de François Fillon, ou encore de Marine Le Pen. Néanmoins, Emmanuel Macron (ou un autre des candidats déclarés) pourrait-il bénéficier de la réserve d’électeurs de centre droit si François Fillon ne les rassure pas ? Comment interprétez-vous cette volatilité potentielle ?
La volatilité des électeurs est inversement proportionnelle à la cohérence des candidats. Plus un candidat incarne son programme avec une ligne politique claire et assumée, plus il rassure ses électeurs, et plus ceux-ci constitueront un électorat stable. C’est la force de François Fillon – et c’est au motif de cette même cohérence que je ne voyais pas la possibilité d’un plan B –. A l’inverse, l’électorat d’Emmanuel Macron a toutes les raisons de douter : de par le point de départ de son initiative – l’équipe gouvernementale de François Hollande – qui pose un problème de cohérence avec l’indépendance qu’il affiche, mais surtout par l’hétérogénéité de ses partenaires qui trahit davantage l’opportunisme de ceux qui le soutiennent plutôt que l’adhésion à une ligne politique claire. L’autre sujet lié à la stabilité de l’électorat, concerne la mise en perspective d’une majorité parlementaire. Le projet de François Fillon a l’avantage de fédérer les électeurs de la droite et du centre en ce qu’il constitue une plate-forme de projet cohérente. L’approche « ni droite, ni gauche » que revendique Emmanuel Macron aura beaucoup de mal à assurer une majorité parlementaire durable. Elle pourra se construire au cas par cas, sur tel ou tel texte de loi, mais cela créera une instabilité gouvernementale dont la France n’a pas besoin.
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