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Debout la France, Dominique Jamet, DUPONT-AIGNAN, Jean-Pierre Chevènement, Le Pen, présidentielle, ralliement, soutien
Vice-président de Debout la France, Dominique Jamet a démissionné de ses fonctions aussitôt après que Nicolas Dupont-Aignan a fait connaître son ralliement à la candidature de Marine Le Pen. Il en explique les raisons.
Il était une fois un parti. Un tout petit parti, une particule élémentaire, si j’ose dire. Mais ce parti et son fondateur s’enorgueillissaient à bon droit d’avoir ramassé le drapeau que la mort de Philippe Séguin, rentré sous terre, et le renoncement de Jean-Pierre Chevènement, rentré dans le rang, avaient abandonné à la poussière. Au-delà de ces deux prestigieux parrains, ce parti se présentait comme dépositaire de la vraie croix de Lorraine, garant et gardien de la fidélité aux principes qui avaient guidé la vie et l’action du général de Gaulle. Gaulliste, donc, en un temps où les indignes héritiers du brevet l’avaient laissé tomber en désuétude, républicain, patriote sans être nationaliste, humaniste, farouchement attaché à l’ordre et au progrès, à l’autorité de l’Etat et aux libertés individuelles, à la grandeur de la France et à la justice sociale, ce parti pour qui la défense de l’indépendance nationale aliénée par les deux syndicats d’intérêts qui alternaient au pouvoir et conduisaient allègrement notre pays à la ruine devait prévaloir sur les distinctions périmées entre la droite et la gauche, se voulait également accueillant aux « républicains des deux rives ».
Ce parti, c’était Debout la République (Debout la France depuis octobre 2015), et son fondateur Nicolas Dupont-Aignan, député-maire de Yerres, qui avait spectaculairement claqué la porte de l’UMP en 2008 lorsque Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé et les autres avaient décidé de bafouer le verdict qu’avait prononcé le peuple lors du référendum de 2005.
J’ai adhéré à Debout la République en 2012. J’avais été séduit par le courage de Nicolas Dupont-Aignan, par l’image d’intégrité, de loyauté, de sincérité qu’il donnait, par son discours, par ses prises de position où je me reconnaissais, par l’évidence de son patriotisme, par l’exigence d’une démarche qui tranchait sur le fond marécageux de la politique politicienne. Je l’étais aussi par le dévouement, le désintéressement, l’implication totale des cadres, des militants, des adhérents d’un mouvement dont il était clair comme le jour qu’ils faisaient passer leurs convictions avant toute ambition personnelle.
Arrive l’élection présidentielle de 2017. Le 23 avril, Debout la France, à travers son candidat, Nicolas Dupont-Aignan, réalise enfin sa première percée. 1.700.000 suffrages exprimés, près de 5% des votants. Plus d’un million de nouveaux venus rejoignent nos couleurs, en dépit de l’habitude et de la propagande du fallacieux « vote utile ». L’indépendance de notre parti, la rectitude du parcours de son président, l’affirmation réitérée de sa probité, de sa totale liberté vis-à-vis des médias et des « grands partis », son refus d’un « système » qui prend l’eau et d’extrêmes qui prennent date laissent présager une nouvelle étape, un nouveau progrès lors des législatives qui vont suivre dans la foulée et qui doivent consacrer avec le bien-fondé de nos idées l’enracinement de notre formation.
Et c’est au moment même où il atteint enfin le seuil de notoriété, le seuil de popularité, le seul de crédibilité qui justifient et récompensent son effort et l’effort collectif des siens, que Nicolas Dupont-Aignan, allant au bout de la dérive lente et inexorable qui a insensiblement rapproché ses propositions, ses thèmes et ses thèses de ceux du Front national qu’il déclarait pourtant il y a quelques semaines encore incompatible avec ses valeurs, après des tractations souterraines menées tambour battant dans l’opacité la plus totale, constamment et impudemment niées par lui, annonce brutalement, cinq jours après le premier tour, son rapprochement, puis son soutien, puis son alliance, puis un accord de gouvernement avec Marine Le Pen, qu’il salit définitivement son image, sa réputation, qu’il ajoute à une faute morale certaine ce qui est probablement une erreur politique puisque le plat de lentilles contre lequel il a troqué son indépendance a toutes les chances de rester virtuel.
Ce qui devait arriver est arrivé. En faisant le choix d’amarrer son esquif au vaisseau qui porte le pavillon noir de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan n’avait pas prévu la mutinerie et la désertion de la plus grande partie de son équipage, à commencer par ceux qui l’avaient suivi depuis des années aussi bien dans les grands calmes, dans les grands vents que dans la tempête. Et que dire de ces humbles soutiens, de tous ces militants, des petites villes, des provinces, des maires qui avaient accordé leur parrainage, des militants qui s’apprêtaient à remettre le sac au dos pour partir en campagne. Tout ça pour ça ! Ce n’est pas ce qu’ils attendaient, ce n’est pas ce que nous attendions de celui à qui nous avons eu le tort et la naïveté, en dépit de quelques signes précurseurs, de faire aveuglément confiance.
La ligne que Nicolas Dupont-Aignan avait définie et suivie est restée longtemps une ligne droite. Quoi qu’il arrive le 7 mai et après le 7 mai, c’est désormais une ligne brisée