Attentat de Manchester: le mythe du «loup solitaire»

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Un officier de police britannique garde l’entrée du Manchester Arena après l’attaque à la bombe du 23 mai.
© Lindsey Parnaby/Anadolu Agency/Getty Images

Les experts excluent une revendication «opportuniste» de l’Etat islamique qui, sur le terrain, fait face à une campagne américaine accrue

Une bombe? La revendication en évoque plusieurs. De même, elle omet de préciser la mort de l’auteur – contrastant avec le culte du martyre de l’organisation – et semble au contraire suggérer qu’il est encore vivant.

Ces contradictions n’enlèvent rien au fait que cet attentat se distingue des précédents survenus en Grande-Bretagne. L’utilisation d’un sac à dos bourré d’explosifs nécessite un degré de préparation et d’expertise supérieur à celui d’un attentat «low tech», commis avec de simples couteaux ou des véhicules, comme ce fut le cas par exemple à Westminster, il y a deux mois.

Le retour des combattants

Mais les apparences sont trompeuses, à en croire The Henry Jackson Society (HJS). Selon cet organisme, dont les travaux font autorité outre-Manche, près de trois quarts des attentats djihadistes, pour la plupart avortés, comprenaient l’usage de matière explosive. HJS finit ainsi de briser ce qu’elle qualifie de «mythe du loup solitaire» et d’une possible revendication «opportuniste» de l’Etat islamique afin de tirer crédit d’une action qui lui serait en réalité étrangère. Selon HJS, seul un auteur d’attentat sur dix aurait agi complètement seul jusqu’ici.

Les forces du contre-terrorisme britannique mèneraient, d’ordinaire, quelque 500 enquêtes en parallèle dans un bassin de 3000 suspects potentiels. Un accent particulier est mis sur les 400 combattants de l’Etat islamique revenus en Grande-Bretagne et dont la maîtrise du combat, en cas de passage à l’acte, rend leurs actions particulièrement meurtrières.

C’est en 2014 que l’Etat islamique avait appelé ses combattants à commettre des attentats en Occident, arguant de la défense de leur «califat». L’attentat de Manchester survient alors que l’EI, assiégé dans ses principaux fiefs de Mossoul (Irak) et de Raqqa (Syrie), fait face à un «changement de tactique» décrété par le président américain Donald Trump. Dévoilé la semaine dernière par le secrétaire à la Défense James Mattis, ce changement viserait à «annihiler» l’organisation et à rendre impossible un départ des combattants étrangers, perçus comme une «menace stratégique» une fois chez eux. «Ils n’auront pas d’échappatoire», clamait ainsi James Mattis en promettant une «accélération de la campagne» en ce sens.

Selon le Syrian Observatory for Human Rights, les conséquences seraient déjà manifestes. Le mois dernier aurait été le plus meurtrier depuis le début des bombardements de la coalition internationale en Syrie: 122 membres de l’EI auraient été tués, mais aussi 225 civils, dont 44 enfants et 36 femmes.

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