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La droite est déjà vent debout contre le projet d’augmentation de la CSG alors que la CGT teste sa capacité de nuisance.

Trop bien… Le parcours sans faute, la cérémonie d’installation, la formation du gouvernement, la déstabilisation des grandes formations politiques, le premier tour de piste sur la scène internationale(Merkel, Trump, Poutine et tout le G7) ont été salué par le monde entier comme une vraie performance. Du grand art politique et technique.L’image en ressort formidablement grandie. France is back.
Sauf que maintenant, il va falloir renouer avec les problèmes domestiques et ça risque de ne pas être aussi facile. Normal parce que jusqu’alors,on n’a pas ouvert des vrais dossiers qui fâchent sur le terrain électoral où la droite dénonce le choc fiscal et sur le front social,la CGT veut d’abord tester sa capacité de nuisance.
Pour l’heure, on discute agenda. Délai. Ligne jaune. On fait des balles en attendant la fin du premier set législatif. Quand l’Assemblée sera élue, les syndicats jugeront de leur rapport de force. Mais si le président obtient une majorité absolue, ils savent que leurs marges de manœuvre seront étroites. Il faudra donc trouver un autre terrain. La CFDT compte sur sa présence dans les entreprises pour asseoir son influence et légitimer les compromis qu‘elle est prête à accepter.
La CGT en revanche est en position plus difficile. Elle peut donc revenir à sa vieille stratégie de blocage pour faire pression. Blocage de la circulation au moment des départs en vacances à la SNCF, et blocage de la distribution de carburants grâce à la puissance du syndicat des chauffeurs routiers. La CGT prépare ce type d’actions et teste déjà dans la région parisienne sa capacité à bloquer des stations d’essence.
Le président, et surtout le Premier ministre et sa ministre du travail, ont très peu de temps pour déminer le terrain. Et déminer le terrain, ça veut dire proposer des compensations aux efforts qui seront consentis par les syndicats pour les ramener au calme.
Le gouvernement ne peut pas se permettre d’ouvrir le robinet au niveau des salaires. Impossible pour des raisons budgétaires. Le gouvernement, en revanche, peut compenser en ouvrant aux centrales syndicales des activités ou des champs d’expérience nouveaux : dans la formation, dans la prestation de services aux salariés dans les petites entreprises… il y a là beaucoup de grains à moudre.
Le gouvernement n’a ouvert officiellement aucune opportunité de ce type, mais chacun sait que la loi travail n’est que le premier des chantiers de la refondation sociale.
Le choc fiscal ensuite agite le terrain politique. La droite qui va au combat législatif conduite par François Baroin s’est emparée d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, de baisser la cotisation chômage pour augmenter le pouvoir d‘achat des salariés. L’idée est bonne. Elle était dans les cartons de la droite et du centre. Baisser les charges qui pèsent sur le salaire est encore le seul moyen d’améliorer la compétitivité coût et d’augmenter le pouvoir d’achat.
Seulement voilà, pour compenser un manque à gagner en cotisations Unedic, pour compenser aussi les nouveaux droits qui seront alloués aux fonctionnaires et aux travailleurs indépendants,lesquels auront droit au chômage, Emmanuel Macron a choisi d’augmenter la CSG de 1,7%, soit 20 milliards d’euros.
Politiquement, c’est plus difficile à faire passer au niveau des retraités, population plus âgée et qui vote massivement.
Les Républicains de la droite et du centre ont donc choisi de mettre cette disposition au cœur de leur campagne législative. Ils n’en avaient guère, des points forts. François Baroin a trouvé la CSG et a beau jeu de dénoncer le choc fiscal que prépare Macron.
Les candidats LR sont assez à l’aise avec cette critique, parce que leur ex-poulain, François Fillon, avait lui aussi prévu une baisse des charges, mais il la finançait par la TVA (tva sociale), ce qui paraissait plus indolore parce que moins ciblé.
Ce choc fiscal n’est pas sans rappeler celui lancé par François Hollande qui avait en début de mandat mis en panne la machine économique.
Sur ce point, avec ou sans majorité absolue, il va falloir que le ministre de l’économie trouve une solution à plus de 20 milliards d’euros.