La création d’un groupe parlementaire autonome offre de nombreux avantages : plus de temps de parole, plus de visibilité, participation à la conférence des présidents, secrétariat particulier, plus de poids politique et aussi… plus d’argent. Alain Tourret nous explique que le financement public – comme on le croyait – n’est pas figé vers le groupe au nom duquel on s’est fait élire, mais qu’il peut changer, à condition que ce soit pendant la première année du mandat.
De nouveaux frondeurs?
Alain Tourret n’a pas que des amis au sein de l’Assemblée Nationale. Il avait été épinglé en mai dernier pour avoir utilisé son indemnité de frais de mandat à des fins personnelles (poste de télévision, billets de cinéma, parties de golf ou encore dépenses dans un Club Med au Sénégal). Plaidant aussitôt » l’erreur d’imputation « , Alain Tourret assure avoir remboursé 16 000 euros de son compte personnel à son compte IRFM. Mais en juin, l’élu avait qualifié d' » extraordinairement dangereux » le projet de loi de moralisation de la vie publique, cher à Emmanuel Macron, en ce qu’il transformait l’IRFM (indemnité représentative de frais de mandat, 5373 euros net par mois sans le moindre contrôle) pour le remplacer par un système de remboursement avec présentation de justificatifs, à la manière des notes de frais dans une entreprise. Il avait alors affiché sa crainte d’être contrôlé pour savoir » si vous avez déjeuné avec tel industriel, avec tel responsable politique « . Et la crainte de voir ses électeurs lui reprocher ses préférences gastronomiques, anticipant la question : » Pourquoi avoir déjeuné dans un hôtel 3 étoiles et non pas au McDo ? « Commentaire d’un collègue : » Ces critiques étaient recevables, mais il n’était pas le mieux placé pour les émettre « .
Alain Tourret nous affirme que son projet de constituer un groupe radical autonome à l’Assemblée » ne verra le jour qu’avec l’accord du Président « . Voire. En tous cas, il porte en germe la fragmentation du groupe LREM, sur fond d’intérêts et d’ambitions personnelles. Ce n’est, semble-t-il qu’un début : » Jamais le groupe, avec ses 310 députés, ne restera uni pendant toute la mandature « nous affirme, pour le regretter, un nouveau député influent. Reste à savoir si cette fragmentation prélude à la naissance de nouveaux » frondeurs « , comme ceux, au PS, qui ont été surreprésentés dans les médias pendant la mandature de François Hollande, avant d’être laminés dans les urnes.
Dans un communiqué, publié en fin d’après-midi, Alain Tourret indique n’avoir « pris aucune position en ce sens ». Interrogé par Challenges avant publication de l’article, Alain Tourret nous avait pourtant clairement confirmé ses intentions.