Les ondes gravitationnelles ont permis, entre autres, de confirmer l’existence des trous noirs qui n’étaient jusqu’à présent observables que de façon indirecte. « “Voir” un trou noir consistait uniquement à voir une zone noire dans l’univers avec beaucoup d’objets célestes qui tournent autour, comme s’il y avait dans cette zone invisible une masse très importante, expliquait Nicolas Arnaud, chercheur au CNRS, à La Croix. Là, on a reçu un signal directement émis par des trous noirs, preuve de leur réalité. »
Les ondes gravitationnelles, une révolution en astrophysique
« Les ondes gravitationnelles sont une toute nouvelle façon d’observer les événements les plus violents de l’espace et de tester les limites de nos connaissances, loue le comité Nobel dans son communiqué. Le signal était très faible en touchant la Terre, mais il promettait déjà une révolution en astrophysique. » Depuis d’autres détections ont eu lieu, mais elles se comptent sur les doigts de la main. Car les ondes mesurées sont difficiles à saisir, « mille fois plus petites qu’un noyau atomique » et se déplaçant à la vitesse de la lumière.
Un interféromètre européen, baptisé Virgo, est également opérationnel depuis cet été à Pise en Italie. Les équipes de Ligo et Virgo travaillent de concert depuis plusieurs années, et les découvertes sont cosignées entre l’Europe et les États-Unis, quel que soit le pays où elles ont été réalisées.
Rainer Weiss, Barry Barish et Kip Thorne, trois Américains, ont obtenu le prix Nobel de physique, mardi 3 octobre, pour l’observation des ondes gravitationnelles, des déformations de l’espace-temps théorisées par Albert Einstein. Ce phénomène s’explique ainsi : l’espace-temps est un peu comme un gros bloc de gelée dans lequel les galaxies seraient coincées. Lorsqu’un événement violent se produit (par exemple la collision de deux étoiles), cela provoque des vibrations dans toute la gelée : ce sont les ondes gravitationnelles.
Un Nobel pour les fondateurs du projet Ligo
Le jury Nobel a primé « leurs contributions décisives au détecteur LIGO et l’observation des ondes gravitationnelles », une avancée capitale de la recherche. Leur « découverte a bouleversé le monde », a souligné le secrétaire-général de l’Académie suédoise des sciences, Göran Hansson. Un siècle après la prédiction d’Einstein, ces physiciens ont fait faire un pas de géant à l’astrophysique et levé un pan de voile sur les mystères du cosmos. « Nous savions que des ondes gravitationnelles existaient [mais] c’est la première fois qu’elles ont été observées directement », s’est réjouie Olga Botner, membre du comité de physique Nobel, lors d’une conférence de presse.