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Bien sûr, désespérée que l’opinion ait compris le caractère profondément oligarchique de son budget, la majorité essaie de bricoler des mesurettes pour allumer des contre-feux. Mais entre amateurisme et caractère dérisoire, elle pourrait bien sortir plus encore affaiblie par ces derniers jours…
Le prestidigitateur du dimanche
Déjà, à la base, le budget 2018 est un tour de passe-passe grossier. Macron n’assume pas complètement de donner autant aux riches et aux entreprises, même si le premier ministre a essayé de défendre cette ligne en se raccrochant à la branche morte d’un ruissellement inexistant selon même le FMI… Du coup, le gouvernement avait concocté deux pare-feux, avec la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages et la baisse des cotisations sociales pour les actifs. Ces deux mesures devaient être les rideaux de fumée camouflant l’accumulation des millards donnés aux plus riches et aux entreprises. Malheureusement pour eux, certains savent encore faire des additions, très parlantes.
En outre, comment accepter que la petite hausse de pouvoir d’achat des actifs, qui sera rabotée de 50% par la seule hausse des taxes sur l’essence, soit financée par des retraités gagnant plus de 1200 euros par mois ou par la baisse des APL, quand on donne un million par an aux 3 000 foyers les plus riches ? Bien sûr, le gouvernement a veillé à édifier un budget complexe, la baisse de l’imposition du capital des ménages les plus riches étant présentée comme un prélèvement à taux unique simplificateur, et la réduction de 80% de l’ISF s’habillant comme une transformation. Il semblerait que Macron et ses équipes aient pris les français pour des imbéciles et qu’ils pensaient que tout ceci ne se verrait pas vraiment.
Finalement, ils démontrent seulement que ce sont eux les imbéciles. Et, après la polémique sur la baisse des APL, le président s’est ridiculisé en demandant aux propriétaires de la compenser, mêlant suffisance, amateurisme et démagogie. Les dernières gesticulations de la majorité, du Modem aux marcheurs présidentiels, s’alarmant du caractère injuste de ce budget viennent trop tard pour être crédibles et ne pas apparaître pour ce qu’elles sont : des gesticulations de personnes, qui, prises la main dans le pot de confiture, essaient de trouver un moyen de détourner l’attention. D’où les propositions encore bien plus dérisoires que la taxe de 75% de Hollande et ses exemptions effarantes.
Avec ce budget, Macron a eu tout faux. Non seulement, sa politique est profondément injuste et à contre-temps complet de la situation actuelle, mais son caractère oligarchique a rapidement été compris et dénoncé par presque tout le monde. Et les gesticulations des derniers jours démontrent un manque de sérieux et une démagogie crasse qui charge plus encore une image déjà bien amochée.