
Les semaines passent et rien ne se passe pour mettre fin au calvaire de Pierre-René Lemas, qui assure « l’intérim » de la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations depuis qu’Emmanuel Macron lui a fait savoir cet été qu’il souhaite nommer un nouveau DG à la tête de l’institution publique. A chaque conseil des ministres, tous les candidats encore en lice se ruent sur le compte-rendu qui dévoile les nominations. Dans le cas de la CDC, celle-ci doit être validée par un vote de la commission de surveillance de l’institution au Parlement.
Tout le mois d’octobre, le jeu du « Anne ma sœur Anne ne vois-tu rien venir , » a occupé les esprits, et pour l’heure rien, on ne voit que « le ciel qui rougeoie et le soleil qui poudroie » comme dans le conte de Barbe-Bleue. Selon nos informations, l’assureur Eric Lombard, ancien président de Generali France est le mieux placé dans la course, même si le fait qu’il soit issu d’HEC et pas de l’ENA fait grincer le monde feutré de l’inspection des finances qui gouverne aujourd’hui le pays. Un argument auquel l’actuel président de la République, issu lui-même de « l’Inspection » est sensible, mais pas au moins d’en faire le premier critère du choix du nouveau patron de la Caisse des dépôts, qu’il entend bousculer et rénover.
Le temps pris par Emmanuel Macron à prendre sa décision entretient le doute et l’espoir chez les autres candidats (Nicolas Dufourcq, le patron de Bpifrance, Frédéric Lavenir, le président d’une des filiales, CNP Assurances, Jean-Pierre Ménanteau, ancien directeur général du groupe d’assurance paritaire Humanis, Agnès Pannier, numéro deux de la Compagnie des Alpes et ex-membre de la commission d’investiture d’En Marche!, ainsi que Marguerite Bérard-Andrieu, directrice des finances et de la stratégie du groupe BPCE).
Une autre option est même revenue ces derniers jours : l’économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur du programme économique de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, qui ne s’est guère vu récompensé jusqu’ici. Ancien conseiller économique de Dominique Strauss-Kahn entre 1997 et 2000, ce membre du Cercle des Economistes a fondé le think tank européen Bruegel et dirigé sous François Hollande France Stratégie, le lointain héritier du Commissariat général au Plan.
L’hypothèse de sa candidature avait été évoquée déjà dans la presse lorsque Jean Pisani-Ferry a présenté le grand plan d’investissement public de 57 milliards d’euros fin septembre. La CDC pourrait en effet être l’un des bras armés pour mettre en œuvre ce plan ambitieux qui aura des implications régionales et locales importantes sur le territoire. « Placer Jean Pisani-Ferry, fils d’Edgar Pisani, ancien ministre du Général de Gaulle (Agriculture et Equipement et logement) pour mettre en œuvre le grand plan d’investissement ferait sens », selon une bonne source. Même si l’économiste n’a pas l’expérience du management de grandes entreprises ni, comme Eric Lombard, l’onction de l’Ena, il est très respecté dans la haute administration des Finances.
Au sein de la CDC, on espère désormais que, qui que soit le nouveau (ou la nouvelle) DG de la « Caisse », l’attente ne va plus durer et que le prochain conseil des ministres sera celui où la route poudroiera. Et où la CDC connaîtra enfin sa nouvelle feuille de route.